CHAQUE SEMAINE, QUELQUES PEPITES D'ACTUALITEARCHIVES DES FAITS DE SOCIETE
N° 131 LUNDI 17 MARS 2003
« NOUVELLE ECONOMIE : ET SI C’ETAIT VRAI… »ALTERNATIVES ECONOMIQUES, MARS 2003, EN KIOSQUELe mensuel Alternatives Economiques propose ce mois un dossier dépassionné à la nouvelle économie. Après les désillusions financières récentes, certains ont peut être trop vite cherché à l’enterrer. Le journal évoque « le feu sous la cendre » pour plusieurs raisons. La demande d’Internet est forte et la technologie ne cesse de se diffuser. En 2002, il y avait 600 millions d’internautes dans le monde. Le commerce en ligne monte en puissance avec les acteurs de l’économie classique qui tracent doucement mais fermement leur chemin. Internet a aussi permis l’éclosion d’un marché considérable de particulier à particulier. E-bay en est le plus bel exemple. En fait, la dynamique de fond du développement du réseau n’est pas cassée par les erreurs de départ, au contraire. Les enjeux restent toutefois nombreux. Des régulations sont à mettre en place pour éviter les dérives. Le réseau doit limiter la « fracture numérique » entre les régions du monde équipées et les autres. Au-delà des passions exagérées du début, le phénomène Internet s’inscrit donc bien dans la durée.
N° 130 LUNDI 10 MARS 2003
LE NOUVEL OBSERVATEUR N° 20006 MARS 2003, EN KIOSQUELe Nouvel Observateur fête cette semaine son numéro 2000. L’hebdo propose une affiche-souvenir présentant les 207 meilleures couvertures du magazine. Plus important, la rédaction s’interroge sur ce qui a changé dans la société depuis le premier numéro du 19 novembre 1964 qui faisait sa une avec Jean-Paul Sartre. Dans son éditorial, Jean Daniel, figure historique et indissociable du journal, cite Michel Foucault : « Désormais, les identités ne se définissent plus par des positions, mais par des trajectoires. » Il complète la citation par sa propre analyse. « Autrement dit, l’important c’est le parcours. On croit que la fidélité, c’est de rester immobile près de son absolu. Et s’il se mettait à marcher, cet absolu ? » Bref la vie évolue. Il insiste particulièrement sur le monde de la communication, où « presque tout » a changé. Les messages circulent vite et à l’échelle planétaire. Dans le domaine de la culture la donne a aussi changé. Ce n’est plus l’université qui décide qui est un intellectuel, c’est la télévision explique le journaliste Emmanuel Lemieux. Il cite Patrick Besson : « Un intellectuel en 2003, c’est quelqu’un qui a le temps de réfléchir pour les autres. » Ne manquez pas ce numéro 2000 : les éditions-anniversaire sont toujours intéressantes parce qu’elles nous confrontent aussi à notre propre histoire.
N° 121 LUNDI 16 DECEMBRE 2002
" LA VITESSE : SACREE EN FRANCE ? "LE MONDE, 10 ET 12 DECEMBRE 2002A travers deux articles cette semaine, Le Monde pose la question de la relation des Français avec la vitesse. Cinq pompiers sont morts à Loriol à cause d'un énième excès de vitesse. Le drame nous a tous touchés, mais la réalité subsiste : " le symbole de la vitesse est trop sacralisé dans l'imaginaire automobile français, mais aussi dans les modes de vie, pour qu'un consensus ait pu s'établir autour du respect des limitations de vitesse ". " Les contrôle routiers apparaissent comme une atteinte au libre arbitre, voire à l'art de vivre à la française ". Le contre-exemple proche de l'Allemagne devrait pourtant nous ouvrir les yeux. Les limitations à 30 km/h en ville y sont respectées, malgré le nombre de grosses voitures. Le bilan annuel des victimes est bien moindre qu'en France. La volonté de l'Etat d'être plus sévère est réelle depuis plusieurs années, le discours des constructeurs évolue sensiblement. Seul notre comportement collectif sur les routes continue à s'opposer à la progression de la sécurité. Nous ne devrions jamais oublier ces mots d'un meurtrier ordinaire : " La voiture, c'est plus fort qu'une arme : avec une arme vous tirez une balle et vous tuez une personne, moi j'en ai tué trois d'un seul coup ! Depuis, j'ai vu tellement de tristesse. "
N° 120 LUNDI 9 DECEMBRE 2002
" LA FRANCE EN DEBATS "SCIENCES HUMAINES HORS-SERIE, DECEMBRE 2002/JANVIER-FEVRIER 2003" La France en débats " est le titre d'un hors-série intéressant du mensuel Sciences Humaines qui vient de paraître. Il dresse un état des lieux de tous les grands sujets qui animent et vont animer la société française dans les prochains temps : la laïcité, la ville, la sécurité, la mondialisation, l'école… Deux d'entre eux retiennent particulièrement l'attention : un bilan des 35 heures et une tentative de réponse à la question de savoir si les classes sociales sont de retour. Les 35 h semblent avoir plus profité aux cadres, dont les deux tiers considèrent que leur vie quotidienne s'est améliorée. La raison est principalement financière. " Il y a une frange de la population qui a les moyens financiers et culturels de transformer son temps libre en loisirs et une autre pour qui ce temps libre est essentiellement domestique. " Ce dernier est consacré au repos, courses, ménage, repassage, pendant que pour les autres il devient week-end prolongé à l'étranger, en résidence secondaire… Pour les moins qualifiés, la réduction du temps de travail a aussi souvent pu être synonyme de dégradation des conditions de travail. De nouveaux clivages apparaissent dans la société française, dans lesquels certains voient déjà " le ferment d'un nouveau conflit de classe ". Les spécialistes s'accordent finalement à dire qu'il est encore tôt pour tirer toutes les conclusions. Toutefois en un siècle, le temps de travail est passé au troisième rang des préoccupations, derrière le temps physiologique et le temps libre.
N° 113 LUNDI 30 AVRIL 2001
LES FRANÇAIS ET LES JOURNALISTES : LA CRISEMARIANNE, 23 AVRIL 2001Les journalistes professionnels sont 31.000 en France. Ils sont à 70 % des hommes, dont la majorité a fait des études supérieures en passant par l'université. Les réponses des journalistes interrogés au sondage de Marianne montrent une nette homogénéité d'origine, de pensée et de culture dans la profession. Ils ne sont que 6 % à reconnaître voter à droite par exemple. Leur travail s'inscrit dans un enchaînement répétitif. Le matin, l'AFP lance les dépêches, aussitôt reprises par les radios d'information qui accompagnent le réveil des Français. Les infos sont développées dans les journaux, en premier lieu Le Monde, dont l'emprise intellectuelle sur le milieu est grande. Les nouvelles sont mises en image pour le plus grand nombre dans les journaux télévisés. Pour les plus curieux, les hebdomadaires proposent des dossiers plus détaillés en fin de semaine. La presse quotidienne régionale prend le relais au niveau local. Et ainsi va le " rouleau compresseur médiatique ". Selon le philosophe Jacques Muglioni, " il aura fallu deux cents ans pour imposer la liberté de la presse. Il faut maintenant se battre contre la presse pour être libre. " Voilà une des raisons de la fracture entre les Français et les journalistes. Leur conformisme, l'influence de quelques centaines de personnes sur l'opinion les lassent. Nombreux sont aussi ceux à les classer parmi les " tous pourris ", après les politiques et les patrons. Et quand on ajoute à ce constat le spleen des journalistes eux-mêmes, la crise est appelée à s'accentuer. Ils ont moins la flamme que par le passé, les jeunes du métier sont parfois plus préoccupés par leur confort et les 35 heures que par leur mission. En même temps l'" infotainment ", l'information qui vise uniquement la satisfaction du public, progresse. Par chance, tous les journalistes ne sont pas empêtrés. Certains font un travail réjouissant, même dans les médias soi-disant les plus conformistes. Dixit tente de repérer leurs pépites…
N° 111-112 LUNDI 16 AVRIL 2001
APRES LES BOBO, LES FURITA ?LE MONDE, 13 AVRIL 2001Au Japon, l'économie est en panne, les hommes politiques vivotent, mais la société poursuit sa lente transformation. Le modèle productiviste dominant des années 60-80 est encore bien présent mais il est remis en cause par la jeune génération. Pour 40 % des 15-29 ans, le travail est un moyen de gagner sa vie et non plus une fin en soi. Rien à voir avec ces longues années dominées par l'image du salarié-modèle, en costume gris, employé à vie, tout dévoué à son entreprise, représentant d'une classe moyenne bien anonyme. Pour sortir de ce carcan, les jeunes des années 80 avaient commencé par consommer et montrer leurs signes extérieurs de richesse, un peu dans l'esprit bobo, les bourgeois-bohème en vogue en Europe en ce moment. Les jeunes japonais d'aujourd'hui affichent eux une double rupture : celle avec le modèle dominant et celle avec leurs prédécesseurs récents. Ils n'ont rien à faire du culte de l'argent et des contraintes des entreprises. Ce qui compte à leurs yeux, c'est de vivre un parcours en adéquation avec leurs envies. Ils sont prêts à vivre plus modestement pour préserver leur liberté. Les meilleurs diplômés se contentent de boulots précaires de livreurs. Certains travaillent six mois et partent les six autres mois à la découverte du monde. On les appelle les furita, de l'anglais " free " et de l'allemand " Arbeit ", le travail. Ils seraient déjà 1,7 million dans le pays selon les statistiques officielles. Leur outil fétiche est le téléphone mobile et son abonnement à l' " i-mode ", l'internet nomade. Les plus âgés traitent ces 20-30 ans de " célibataires parasites " et regrettent la perte du " sens de l'effort ". Ils oublient que la quête de " l'esprit de plaisir " a déjà été une préoccupation des Japonais à une époque pas si lointaine. La culture furita ne préfigure-t-elle pas ce qui attend notre société européenne ?
N° 110 LUNDI 9 AVRIL 2001
LE SCANDALE DE L'INSECURITE ROUTIERE" C'EST ARRIVE DEMAIN ", EUROPE 1, 8 AVRIL 2001
" GENERATION VITESSE ", LE NOUVEL OBSEVATEUR HORS-SERIE, MARS/AVRIL 2001" Lorsque deux véhicules se percutent de plein fouet, le corps humain est incapable d'absorber le choc ; il ne peut supporter une intensité de pesanteur supérieure à une vingtaine de g pendant la durée de la décélération d'un accident grave ; le crâne et le cerveau ne tolèrent pas plus de 150 g pendant deux millièmes de seconde… " explique l'expert en accidentologie Claude Got, qui travaille depuis trente ans sur la question. Il a signé un des articles du dernier hors-série du Nouvel Obs consacré à la vitesse sous toutes ses formes. Sur le même thème paraît cette semaine " Le scandale de l'insécurité routière " chez Albin Michel. Ses deux auteurs étaient l'invité de Dominique Souchier sur Europe 1 ce dimanche. Sur un constat désastreux repose un scandale inacceptable. Depuis 50 ans, 500.000 personnes ont perdu la vie sur la route, l'équivalent d'une guerre perdue. A côté du nombre désespérant des morts chaque année, il ne faut pas oublier celui des blessés : environ 43.000 par an. Et ces chiffres ne traduisent qu'une partie de la vérité. Il semblerait que les statistiques officielles ne coïncident pas avec celles cumulées des hôpitaux… Si les mauvais conducteurs sont les premiers responsables de ces drames, la responsabilité portée par l'Etat est essentielle. La liste des contradictions est longue. La répression dissuasive est insuffisante : la police est présente aux moments des grands départs, mais rare en dehors. Pour beaucoup de contrevenants, la verbalisation est inutile : ils font sauter leurs procès verbaux. La pratique est particulièrement facile dans le domaine de la vitesse. Les limites affichées sur route et autoroutes ne servent à rien. Chacun sait qu'un dépassement de 20 km/h est toléré sans problème. Bien qu'il maintient ces limitations, l'Etat continue à autoriser la production de voitures capables de dépasser les 200 km/h. Il impose des disques sur les camions mais pas sur les véhicules de tourisme, dont rares sont ceux incapables de dépasser les 150 km/h. Pour expliquer cette hypocrisie éclatante, les auteurs du livre mettent en avant les intérêts financiers du monde de l'automobile mais aussi la volonté des politiques de ne pas fâcher les automobilistes-électeurs avec des mesures trop contraignantes. Rien à voir avec la vache folle ou la peur de la fièvre aphteuse, qui ont mobilisé des fonds et entraîné des mesures immédiates. La sécurité routière ne fait pas non plus l'objet d'un débat politique. Jusqu'à quand ?
N° 109 LUNDI 2 AVRIL 2001
QUAND LES SALARIES DEVIENNENT DES MERCENAIRESCOURRIER CADRES, 29 MARS 2001Dans le contexte de la globalisation, de la croissance, de la réduction du temps de travail, les relations entre les entreprises et leurs salariés ont évolué ces dernières années. Dans une interview à Courrier Cadres, Alain Etchegoyen, professeur de philosophie et conseil en entreprise, évoque même " l'émergence d'un mercenariat ". On a longtemps répété que les jeunes changeraient plusieurs fois d'entreprise dans leur vie professionnelle. La prédiction est devenue réalité. Dans certains secteurs spécialisés, les nouvelles recrues sont à peine formées qu'elles partent, attirées par des conditions plus alléchantes. Et ainsi de suite tous les six mois. Cette nouvelle donne déstabilise de nombreuses entreprises. Quelques grands groupes, dont 50 % des effectifs vont commencer à partir à la retraite d'ici à quatre ans, sont inquiets. Ils ont compris toute l'importance acquise par les fonctions de recrutement et de management. Pour pallier la pénurie de candidats, ils sont plus à la recherche de bonnes personnalités que d'uniques compétences techniques. C'est le cas dans l'informatique, où l'on recrute des chimistes et des géologues prêts à être formés. Selon Etchegoyen, les salariés ont été négligés pendant les années de crise et de chômage. Aujourd'hui, la menace de leur volatilité devient une réalité préoccupante. Mais après tout, cette volatilité ne répond-elle pas à la toute-puissance des financiers, qui ont fait du capital des entreprises un élément très volatil ? L'entreprise est parfois devenue un bien marchand : " ça marche, on gagne de l'argent, on vend ". Pourquoi le salarié n'aurait-il pas à son tour le droit de se marchander ? Il appartient aux entreprises de trouver de nouveaux modes de relations. Sur cette voie, certains mettent en avant le bon vieux paternalisme du XIXe siècle, qui avait pour mérite de générer un fort sentiment d'appartenance des salariés. L'éternel recommencement…
N° 108 LUNDI 26 MARS 2001
LES HYPERMARCHES EN PANNELE JOURNAL DU DIMANCHE, 25 MARS 2001C'était à l'automne 1999. Carrefour battait des records de vente avec le " mois historique ". A raison d'une offre par jour en quantité limitée, les hypermarchés du groupe attiraient les foules. Les clients avaient peur de ne pas pouvoir en profiter… A la même époque, l'enseigne annonçait sa fusion avec Promodès pour former le second groupe mondial derrière l'américain Wal-Mart. Auchan engageait la contre-offensive, suivi de près par Leclerc et son désormais célèbre ticket-Leclerc, " le ticket de caisse qui vaut de l'argent ". Les hypers faisaient l'actualité. En ce printemps, le vent semble avoir tourné. En un an, les 1.100 hypers de France ont perdu 0,3 % de part de marché. Ils continuent à représenter la moitié des ventes alimentaires, mais les supermarchés progressent plus vite. Les grands groupes ont cumulé les mauvaises nouvelles. Les différentes crises alimentaires les ont affectés en premier. Leur image-prix est écornée : ils ne sont plus les moins chers. Dans les centres commerciaux où ils sont présents, les enseignes spécialisées, comme Darty ou Jardiland, attirent plus de monde. 66 % des Français disent aussi vouloir passer moins de temps à faire les courses. Les chiffres le prouvent : en vingt ans, la durée des visites en hyper a diminué de 40 minutes. La grande distribution est encore dans le collimateur social. La fusion Carrefour-Promodès est difficile sur le terrain. Un magasin Auchan vient d'être perturbé par une grève générale. Tous les groupes se cherchent sans avoir encore trouvé de réponse. " Le gigantisme des hypers se retourne contre eux. " A suivre.
N° 107 LUNDI 19 MARS 2001
LES METIERS DE DEMAIN" C'EST ARRIVE DEMAIN ", EUROPE 1, 18 MARS 2001Jacques Séguéla était ce dimanche l'invité de Dominique Souchier sur Europe 1. Il publie cette semaine un livre de conseils sur les métiers porteurs dans les prochaines années. Dans son analyse, il s'appuie sur les nombreuses études commanditées chaque année par le secteur de la publicité pour scruter les tendances de demain. A ses yeux, ces études ont fait de tels progrès qu'il les juge fiables à un horizon de trois à cinq ans. Les cinq secteurs d'activité les plus prometteurs sont la communication, la beauté-santé, l'éducation, le tourisme et l'art de vivre. Dans ces domaines, les qualités des meilleurs devront être l'écoute et la créativité. Demain, celui qui imitera perdra, celui qui innovera sortira gagnant d'une société en marche vers l'éclatement et l'individualisation. La dimension d'ouverture sur l'international sera tout aussi importante. Le pire sera de ne pas parler anglais. Jean-Marie Messier, un des grands patrons interrogés dans le livre, est clair : avec le recul, il aurait préféré faire un MBA aux Etats-Unis que l'ENA. Pour illustrer ces évolutions, Séguéla explique que les grandes marques du XXe siècle ne sont déjà plus les préférées aujourd'hui. Chez les jeunes, c'est maintenant Nokia qui arrive en tête. Le passage de la société industrielle à la société " infostruelle ", basée sur l'ordinateur, est un fait. Dernier conseil du publicitaire pour ne pas se tromper à l'avenir : bien choisir son patron. Il ne pourra plus être trop paternaliste, devra faire preuve de charisme et d'écoute démocratique. Provocateur, il invite aussi à nous éloigner de la dictature de l'argent pour retrouver des valeurs bien françaises à la D'Artagnan, romantisme et panache en tête.
LA FRANCE MANQUE D'INFIRMIERESLA VIE, 15 MARS 2001En France aujourd'hui, des lits hospitaliers sont fermés pour cause de manque d'infirmières. Des accidents ont été relevés en bloc opératoire parce que des aides-soignantes incompétentes ont pris la place d'infirmières qualifiées. Des directions d'hôpitaux reprochent aux infirmières de trop s'occuper de certains patients et de ne pas aller assez vite, alors qu'il fait partie de leur métier de se soucier des malades. La situation devient de plus en plus tendue. La France compte 340.000 infirmières, un nombre insuffisant. Des places supplémentaires ont beau être proposées aux concours, le métier ne fait plus rêver. Les conditions de travail difficiles, les responsabilités lourdes, le manque de considération, des salaires bas ne peuvent pas attirer. Dans les régions frontalières, les infirmières compétentes n'hésitent plus à partir à l'étranger pour mieux gagner leur vie. En France, certaines infirmières du public cèdent aux propositions des hôpitaux privés. Bref l'enjeu pour les pouvoirs publics est considérable. A suivre.
ETES-VOUS EN SURPOIDS ?LA VIE, 15 MARS 2001La Vie propose cette semaine de calculer votre IMC, l'Indice de masse corporelle, pour savoir si vous êtes en surpoids. 9,6 % de la population est jugée obèse en 2000. La situation des enfants est particulièrement à surveiller. La formule de calcul est la suivante : pour un poids de 60 kg et une taille de 1,65 m, votre IMC est de 60 : (1,65 x 1,65) = 22.
Le résultat est ensuite à confronter à cette échelle :Verdict ?
- < 18,5 maigreur
- 18,5 - 24,9 normal
- 25 - 29,9 surpoids
- 30 - 34,9 obésité
- 35 - 39,9 obésité sévère
- 40 obésité massive
N° 106 LUNDI 12 MARS 2001
LE JAPON N'EMERGE PLUSLE MONDE, 10 MARS 2001Souvenez-vous, c'était dans les années 80. Le modèle japonais était triomphant. Vu d'Europe, il était même impressionnant. Nous avions tous le sentiment que le Japon était le pays de l'innovation technologique par excellence. Sony avait inventé le baladeur révolutionnaire, Toshiba inondait de ses chaînes hi-fi à bas prix, les voitures japonaises débarquaient à l'ouest. Le pays tournait à plein régime. Que reste-t-il de ces années ? De vagues souvenirs. Depuis le début des années 90, le Japon traverse une crise profonde. En ce moment, le cours du yen atteint son niveau le plus bas depuis quinze ans. La récession est grave. Les économistes dégagent plusieurs leçons de cette situation. La première et plus importante est que la puissance industrielle ne suffit pas. Elle doit être accompagnée de strictes règles du jeu financières. Le Japon a trop préféré le " capitalisme de copinage " opaque au capitalisme d'actionnaires clair. La crise bancaire d'il y a dix ans a entraîné toute l'économie. Les limites de l'intervention de l'Etat dans l'économie est la seconde grande leçon. Dans les années 80, l'Etat intervenait directement plutôt qu'il ne stimulait la prise de risque, à l'américaine. Aujourd'hui, la classe politique est discréditée dans le pays et les remaniements sont fréquents. Les dirigeants en place peinent à trouver les clés de sortie de la crise. Toutefois, les spécialistes estiment que certaines des mesures prises sur le plan financier pourraient bien préfigurer un véritable nouveau modèle capitaliste. La mondialisation suppose une " supervision financière partout dans le monde ". L'expérience japonaise est instructive pour avancer dans ce sens.
N° 105 LUNDI 5 MARS 2001
C'EST EN FRANCE QU'ON TRAVAILLE LE MOINS !L'EXPANSION, 1er MARS 2001Le dernier numéro du magazine L'Expansion, qui vient d'inaugurer une nouvelle formule, propose les résultats édifiants d'une enquête sur la durée du travail dans le monde. En heures de travail annuelles, la France arrive en dernière position sur 56 grandes capitales étudiées. Nous travaillons en moyenne 1.587 heures par an et profitons d'un nombre record de 28,3 jours de vacances. Au regard des données dans les autres pays, inutile de dire que le reste du monde nous envie… Le Chili occupe la première place de ce surprenant palmarès : un chilien travaille 657 heures de plus qu'un parisien, l'horaire hebdomadaire étant encore de 48 heures dans ce pays. Le fossé est immense entre les pays développés et ceux en développement où les salariés peinent à défendre leurs intérêts. Et l'écart se confirme au niveau des congés payés. En moyenne, 10 à 15 jours sont accordés dans bien des pays. Même aux Etats-Unis, il faut au moins justifier de cinq ans d'ancienneté pour bénéficier d'une dizaine de jours de vacances. Dans ce pays, boom économique oblige, l'horaire hebdomadaire est passé de 43 à 47 heures de travail en moyenne ces dernières années. Seuls quelques pays européens offrent des conditions proches de celles de la France. Au moment où nous continuons à mettre en place les 35 heures, le Chili songe à conforter sa première place… en faisant passer la durée mensuelle de 186 à 206 heures. Une question peut toutefois être posée : avec de tels écarts, la France restera-t-elle compétitive face à ses concurrents ?
N° 104 LUNDI 26 FEVRIER 2001
PARIS-PROVINCE : L'EQUILIBRE CHANGELE MONDE, 24 FEVRIER 2001Les résultats du dernier recensement sont clairs : la population parisienne diminue pendant que celle des grandes métropoles régionales augmente. En nombre de nouveaux résidents pour la période 1990-1999, l'Ile-de-France se situe à la dernière place des régions françaises. Tout ne se passe plus forcément à Paris. L'image historique de la France jacobine, très centralisée, est écornée. Les grandes villes de province attirent. Elles sont dynamiques tant sur le plan économique, que culturel ou universitaire. Elles ont créé des centres de recherche performants, ont bâti des opéras, animent des festivals qui n'ont plus rien à envier à ceux de la capitale. Et comme la qualité de vie y est supérieure, le choix est vite fait. Cette transformation du paysage et des mentalités trouve sa source dans les lois de décentralisation du début des années 80. Les élus locaux, moins dépendants de Paris, font preuve de dynamisme et d'imagination, y compris dans des régions que l'on croyait désertées après les crises. Les lois plus récentes sur l'intercommunalité ne font qu'accélérer le phénomène. En s'unissant en communautés, les communes ont compris qu'elles pouvaient avancer plus vite. En parallèle, le développement du TGV est un facteur accélérateur du développement. Il réduit le handicap des distances, favorise les échanges, et plus seulement entre Paris et les grandes villes. Le schéma n'est toutefois pas rose partout. Les villes de moins de 200.000 habitants éprouvent plus de difficultés que leurs grandes sœurs. La poursuite de la décentralisation va bel et bien être au cœur des débats des prochains mois.
N° 103 LUNDI 19 FEVRIER 2001
OU VA LA CHINE ?MARIANNE, 12 FEVRIER 2001
LIBERATION, 13 FEVRIER 2001A en croire une série de récents articles, il y a de quoi être inquiet du futur proche de la Chine. Selon Libération, la torture ordinaire est devenue un " phénomène social " dans le pays. Les petits chefs profitent de la faiblesse des plus démunis. Les témoignages sont accablants et insupportables. " En mai 1998, les fonctionnaires d'un service municipal de régulation des naissances de la province de Hunan ont arrêté Zhou Jiangxiong, 30 ans. Ils l'ont pendu la tête en bas, brûlé à la cigarette, fouetté, marqué au fer à souder et lui ont arraché les organes génitaux. Avant de mourir, il n'a pas révélé où se trouvait sa femme, soupçonnée d'être enceinte sans y être autorisée. " Des mêmes petits chefs aux plus hauts dignitaires, la corruption gangrène le pays. Elle est désormais chiffrée à plusieurs milliards de dollars. Les autorités ont beau montrer la plus haute sévérité, rien n'y fait. Le gouffre est immense entre les 1,2 milliards d'habitants des zones rurales, qui ne cessent de s'appauvrir, et les zones urbaines, où les nouveaux riches en profitent sans retenue. Le dernier hiver a enregistré le record de révoltes dans les provinces. Mais partout, des unités anti-émeutes écrasent les mutins. Leurs meneurs sont internés en hôpital psychiatrique. A l'automne 2002, à l'occasion du 16e congrès du Parti communiste, une " transition " est annoncée. Vers quoi ?
N° 102 LUNDI 12 FEVRIER 2001
LA FIN DE L'APRES-GUERRE FROIDELE MONDE, 9 FEVRIER 2001
LA VIE, 8 FEVRIER 2001Selon André Fontaine dans Le Monde cette semaine, " l'époque est bien finie de l'après-guerre froide, où il n'y avait personne en face des Etats-Unis. " La Russie se réorganise et cherche à retrouver au moins une partie de son poids passé. Vladimir Poutine n'est pas sans influence sur ces pays que l'on nomme les " Etats-voyous ", comme la Corée du Nord et l'Iran. Les dirigeants chinois viennent quant à eux de rappeler leur préférence pour un monde multipolaire. Ils entendent plus que jamais en être un représentant-clé dans les prochaines années. Tant bien que mal, l'Europe elle aussi continue à s'organiser pour faire contre-poids. Cette configuration s'affirme au moment de l'arrivée au pouvoir de George W. Bush. Les premiers signes de fragilisation de l'économie américaine laissent espérer que le relais puisse être pris par d'autres régions du monde. La volonté du nouveau président de relancer le grand projet de Défense nationale antimissiles suscite des interrogations et des réactions que l'on croyait définitivement passées. Il réactive un projet lancé sous Reagan et alors connu sous le nom de " guerre des étoiles ". Ce début de siècle semble bien entamer une nouvelle ère géopolitique dont on ne connaît pas encore le nom. Cela ne saurait tarder. L'ancien président soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, tenait en même temps ces propos dans La Vie cette semaine : " J'espère que le nouveau siècle ne sera ni américain, ni russe, ni chinois, et que l'humanisme triomphera sur la géopolitique. "
N° 101 LUNDI 5 FEVRIER 2001
LE MYSTERE DE LA CREATIVITESCIENCE & VIE, FEVRIER 2001Le dernier numéro de Science & Vie propose les résultats d'une enquête intéressante sur " les coulisses de l'intelligence créative ". Nous vivons tous sur la même planète terre et sommes tous confrontés aux mêmes éléments. Pourtant, quelques génies au cours de l'histoire ont un jour produit " de nouvelles visions du monde ". Ils ont remis en cause les normes et les règles en vigueur pour produire une nouveauté capable de bouleverser une discipline ou un art. De tout temps les hommes ont cherché à comprendre les clés de ces personnages hors du commun, comme Einstein ou Newton. En vain. Il n'existe aucune méthode de mesure physiologique de la créativité. Le débat de l'intelligence acquise ou innée reste lui aussi entier. Un cerveau peut présenter des caractéristiques organiques sensiblement différentes d'un autre, comme un développement supérieur de la zone des aires auditives conduisant à une meilleure oreille. Mais les études montrent aussi que " à force de se passionner pour un domaine, on y développe nécessairement des aptitudes particulières. " Il faut même savoir que " la plasticité du cerveau permet des modifications anatomiques du même ordre qu'un muscle qui s'accroît sous l'effet d'un exercice répété. " Alors pour en savoir plus, les témoignages des plus grands créateurs restent essentiels. Selon Poincaré, le processus créatif comporte quatre étapes : l'imprégnation, l'incubation, l'illumination et l'explicitation. L'illumination soudaine semble bel et bien être une des caractéristiques de bon nombre de découvertes. Elle reste précédée par un grand travail. Le mensuel achève son dossier sur une série de conseils pratiques pour stimuler sa créativité. Un des plus importants reste notre capacité à " changer le regard sur le monde ", " à accueillir le hasard de façon positive ". A vos méninges…
N° 100 LUNDI 29 JANVIER 2001
VACHE FOLLE : IL EXISTE UN PRECEDENT REVELATEUR !" ENVOYE SPECIAL ", FRANCE 2, 25 JANVIER 2001Depuis le 25 janvier, " Envoyé Spécial " est animé par Guilaine Chenu et Françoise Joly. Leurs prédécesseurs se consacrent désormais au projet de chaîne d'information de France Télévision. A l'occasion de leur arrivée à la tête de l'émission, les deux journalistes ont proposé un excellent reportage-bilan sur la maladie de la vache folle, reprenant tous les éléments connus à ce jour. L'un de ces derniers l'était toutefois moins que les autres. A l'occasion d'une expédition scientifique en Papouasie dans les années 50, le chercheur américain C. Gajdusek découvre le mal étrange qui affecte une peuplade reculée de la région. Les hommes et les femmes de la tribu sont atteints, à n'importe quel âge, de troubles de la locomotion et de l'expression. La maladie empire vite et conduit à la mort. Gajdusek peine d'abord à identifier les clés du mal. Il constate simplement que les femmes et les enfants sont plus touchés que les hommes. Il comprend mieux en découvrant les pratiques de cannibalisme de la tribu. Ce peuple mange ses morts, les muscles étant réservés aux hommes, le cerveau aux femmes et aux enfants… En 1956, Gajdusek décrit une des premières grandes maladie à prion chez l'homme : le kuru, traduction locale d'agitation ou tremblante. Son hypothèse est simple. Il y transmission de la maladie par le cannibalisme, les muscles étant moins contaminants que le cerveau. Etrange parallèle avec la situation actuelle. Une fois le constat établi, il persuade la tribu d'abandonner sa coutume, ce qu'elle fait en 1959. Les cas de kuru diminuent vite dans les années qui suivent. Mais un temps de latence est défini : la maladie apparaît au plus tôt après 5 ans, en moyenne 12 ans après la contamination, et peut survenir jusqu'à 40 ans plus tard. Un cas a en effet été identifié récemment dans la tribu, toujours suivie. Gajdusek a obtenu le Prix Nobel de médecine en 1976 pour ses travaux. Pour plus d'informations, rendez-vous sur le site : Fondation pour la recherche médicale.
N° 99 LUNDI 22 JANVIER 2001
SEULS ET HEUREUX DE L'ETRE !L'EXPRESS, 18 JANVIER 2001Bien que le modèle social de référence reste celui de la vie en couple, le statut du célibat a changé ces dernières années. 9 millions de personnes vivent seules en France aujourd'hui, représentant 37,7 % des foyers. Parmi eux, 13,4 % sont de vrais célibataires, 11,6 % sont veufs, 7,3 % représentent les familles monoparentales et 5,4 % les divorcés. La grande nouveauté est que l'on ne vit plus seulement seul par obligation, mais aussi par choix personnel. La tendance est particulièrement forte parmi les jeunes et les femmes diplômées. " Poussé par une irrésistible injonction à être soi, l'individu se rêve de plus en plus maître de sa vie. L'époque est au culte de l'ego, il n'est plus question de n'exister qu'à travers l'autre ", explique le sociologue Serge Chaumier. Les célibataires ne sont plus mal vus et passent maintenant pour les détenteurs d'un vrai art de vivre l'indépendance et la liberté. L'auteur de l'article estime qu'ils vivent comme les autres, mais " plus fort, plus vite, plus intensément ". Michèle Morgan, adepte du solo, se trouve " assez égoïste ". Mais comme le résume un célibataire de 25 ans : " Se sentir seul quand on vit à deux, il n'y a rien de pire ! " Même les obstacles habituels rencontrés par les célibataires ne leur font plus peur. Les couples ont un niveau de vie supérieur de 30 % en moyenne. Qu'à cela ne tienne, les célibataires se liguent pour demander une révision fiscale du principe du foyer conjugal. Restent les éternelles remarques de l'entourage, les couchers de soleil, les vacances en solitaire et, depuis peu, le syndrome Ally McBeal. Mais au bout du compte, ce qui compte le plus n'est-il pas d'être heureux, seul ou à deux ?
N° 97 LUNDI 8 JANVIER 2001
LA NOUVELLE VIE LE VENDREDIL'EXPANSION, 4 JANVIER 2001Les signes se bousculent pour montrer que le statut du vendredi change. L'heure d'affluence dans les aéroports et les gares ne se situe plus à 17 heures mais à 15 heures. La vente des journaux ne cesse de progresser ce jour-là. Les ventes de week-ends de trois jours explosent dans les agences. La mode du vendredi décontracté, venue des Etats-Unis, gagne un nombre grandissant d'entreprises. On en profite pour allonger les pauses déjeuner, fêter les anniversaires, s'habiller cool. Un sociologue du CNRS va jusqu'à dire : " De dernier jour de la semaine, celui-ci est devenu premier jour du week-end. " Le vendredi semble être le symbole par excellence du changement de nos vies : " Le vendredi est un jour de transition dans une société en transition ", selon le sociologue Gérard Mermet. Plusieurs explications peuvent être avancées. Un Français sur deux, dans les entreprises de plus de vingt salariés, est aujourd'hui passé aux 35 heures. La limite entre sphères professionnelle et personnelle est de plus en plus floue. Le philosophe François Jullien pousse plus loin l'analyse : " Le travail n'est plus le garant du statut social. L'adage devient : " Dis-moi ce que tu fais de ton temps libre et je te dirai qui tu es. " " Cette tendance reste très occidentale, mais le bouleversement est profond. " La jouissance immédiate remplace le sacrifice et l'effort, le temps libre devient le temps sacré, la civilisation judéo-chrétienne s'effondre " complète Gérard Mermet. Il donne cinq ans à la disparition de la distinction entre semaine et week-end, au profit d'une division entre temps de travail et de loisir. Les contours d'une nouvelle société se dessinent : passionnant !
N° 96 LUNDI 1er JANVIER 2001
L'ENTREPRISE IDEALE DU XXIème SIECLECOURRIER CADRES, 22 DECEMBRE 2000Au début d'une nouvelle ère, il est bon de rêver à quelques utopies. Celle de l'entreprise idéale, parce que cette dernière accapare une grande partie de notre vie, stimule toujours l'imagination. Dans son dernier numéro, l'hebdo Courrier Cadres a interrogé chercheurs, écrivains, artistes et enfants sur leur vision de la chose. En substance :Penser à l'entreprise idéale est le premier pas à franchir pour que le rêve devienne réalité.
- Arno Penzias, Prix Nobel américain de physique : " La seule chose qui soit certaine à l'avenir, c'est que la rigidité engendrera des catastrophes. "
- Jean-Marie Pelt, professeur de biologie végétale et de pharmacologie : " Les végétaux ignorent le pouvoir dominant. On trouve des systèmes de coopération souples, des réseaux. Cette coopération n'exclut pas la compétition, mais la nature nous montre l'acceptation totale de l'autre. "
- Theodore Zeldin, sociologue : " Dans l'entreprise idéale, les employés seraient non seulement capables de se parler mais également de se comprendre. La conversation est la clé de ce changement. (…) La conversation est le seul moyen de stimuler le cerveau. "
- Simon Brown, aménageur de bureaux réputé : " Le bureau du futur sera conçu pour accueillir une équipe capable de se dissoudre et de se reformer continuellement. "
- Tom Alexander, président d'une start-up américaine : " La créativité et le génie ne peuvent s'épanouir que dans un milieu qui respecte l'individualité et célèbre la diversité. "
- Clark Terry, trompettiste de jazz : " Imite, assimile, et ensuite innove… Après avoir tout imité des grands créateurs, il faut digérer ce que l'on a appris, examiner les différentes possibilités : à gauche plutôt qu'à droite, en haut plutôt qu'en bas, etc. Après, et seulement après, tu pourras innover. "
- L'entreprise idéale selon Anne-Gaëlle, élève de lycée professionnel : " Une PME parce que dans les grandes entreprises, c'est chacun pour soi. "
- Charles Aznavour : " Il faut se débarrasser des casse-tête. On ne vit qu'une fois. "
N° 94 et 95 LUNDI 18 DECEMBRE 2000
CONSOMMER, DEPENSER : UNE SPIRALE DU VIDE ?COURRIER INTERNATIONAL, 14 DECEMBRE 2000A la une cette semaine, Courrier International nous montre un Père Noël désabusé et sans cadeau. En reprenant des articles parus en Angleterre et aux Etats-Unis, l'hebdomadaire s'interroge sur la " spirale du vide " née de l'enchaînement consommer, dépenser, consommer… Un journaliste anglais a ces mots durs qui pourraient bien s'appliquer à nous-mêmes : " Nous sommes devenus un peuple creux et banal, insidieusement tenu en esclavage par l'argent, qui évalue la valeur et l'accomplissement d'un homme ou d'une femme d'un point de vue fiscal. " L'émission " Qui veut gagner des millions " offre un exemple symptomatique de l'état d'esprit ambiant. Lancée simultanément dans plusieurs pays européens, elle a connu un succès rapide. Elle est même devenue un sujet de conversation : " et vous, que feriez-vous avec un million ? " L'époque des fêtes n'arrange rien. En France, l'actualité est presque dominée par la frénésie des achats de fin d'année. Il paraît que nous avons le porte-monnaie bien ouvert. Heureusement, un laboratoire new-yorkais teste en ce moment un médicament visant à soulager la forme grave du mal : l'achat compulsif, qui touche 2 à 5 % des américains. Voilà où nous en sommes : à concevoir des médicaments anti-consommation ! Curieuse fin de siècle. Joyeux Noël malgré tout…
N° 93 LUNDI 11 DECEMBRE 2000
JEUNES GENERATIONS : UN AVENIR DIFFICILE ?" C'EST ARRIVE DEMAIN ", EUROPE 1, 10 DECEMBRE 2000Le jeune sociologue Louis Chauvel était ce dimanche l'invité de Dominique Souchier sur Europe 1. Il fait partie de ces penseurs et autres chercheurs qui ont contribué à l'Université de tous les savoirs à Paris : une conférence par jour tout au long de l'année 2000 sur un sujet d'avenir. A trois semaines du passage à 2001, sa thèse sur les inégalités entre générations soulève des inquiétudes. Ses recherches le conduisent au constat suivant : pour la première fois en temps de paix dans l'histoire, les plus jeunes peuvent s'attendre à vivre moins bien que leurs aînés. Son analyse repose sur des données sans appel. En 1975, l'écart de salaire entre un salarié de 50 ans et un de 30 ans était de 15 %. Aujourd'hui, il est de 40 %. Le taux de suicides a doublé pour les générations nées après 1955. L'espérance de vie a beau augmenter de 3 mois par an, le taux de mortalité des gens de 30 ans est supérieur à celui constaté il y a 25 ans. L'accès des jeunes à la santé risque d'être plus difficile à l'avenir. La population vieillit alors que le nombre de médecins diminue. Le vieillissement pose aussi question pour les retraites. Les jeunes financent les retraites d'aujourd'hui, mais qui financera les leurs ? Dernier exemple significatif : l'âge de nos dirigeants. Leur moyenne d'âge était de 45 ans en 1982, elle est de 57 ans en 1997. Le renouvellement ne se fait pas. Voilà autant de signes préoccupants. Il ajoute que les jeunes d'aujourd'hui sont confrontés à cette double contradiction imposée par la société. D'un côté on leur demande d'être " adultes, stables et responsables " alors qu'ils n'ont pas les mêmes moyens que leurs aînés, de l'autre " flexibles et malléables ". Comment s'en sortir ? Le chercheur est radical. Ses observations historiques sont inéluctables : les générations qui commencent bien finissent bien, celles qui commencent mal ne s'en sortent pas. Joyeuses fêtes !
N° 92 LUNDI 4 DECEMBRE 2000
FOOT : LES CLES DE SUCCES DES PETITS CLUBSFRANCE SOIR, 30 NOVEMBRE 2000Il aura suffi d'une nouvelle défaite du PSG, 5-1 contre Sedan, pour que l'entraîneur du club soit démis de ses fonctions. L'équipe n'est pourtant qu'en milieu de tableau, rien de si dramatique au premier abord. Les vrais sportifs savent la fragilité d'une équipe, celle des fortunes et des infortunes. Mais aujourd'hui, un autre critère l'emporte sur tous les autres : l'argent. Le PSG doit rentabiliser les 450 millions de francs investis dans l'équipe cette année, plus gros budget de la saison, il n'a pas de temps à perdre. Dans ce contexte, le succès des petites équipes, qui ne le sont plus tant que ça, n'est que plus méritoire. Les facteurs-clés de succès d'une équipe comme Sedan, 130 MF de budget, peuvent être résumés en quatre points.Voilà quelques leçons simples dont l'argent est absent. Elles peuvent tout à fait s'appliquer à d'autres groupes que les équipes de football. Il se cache souvent une leçon de management derrière un comportement sportif.
- Le recrutement favorise les espoirs aux stars et fait l'objet de recherches minutieuses même dans de petits pays de football.
- Les équipes dirigeantes ne sont pas remises en cause au premier aléa. Les mots d'ordre sont stabilité, confiance et continuité.
- Les ambitions personnelles des joueurs, et les rivalités qui peuvent en naître, sont contenues. La cohérence collective doit l'emporter.
- Ces équipes sont préservées de la curiosité médiatique. Elle peut devenir déstabilisante.
N° 91 LUNDI 27 NOVEMBRE 2000
LES COURSES : " L'ACTIVITE HUMAINE ULTIME " ?TELERAMA, 22 NOVEMBRE 2000L'architecte néerlandais Rem Koolhaas, 56 ans, a obtenu cette année la plus prestigieuse distinction de sa profession, le prix Pritzker. Il patronne actuellement à Bordeaux une exposition intitulée " Mutations ", à travers laquelle il revient sur les évolutions de l'architecture contemporaine. Il estime qu'elle a échoué à organiser le monde moderne et en voit un aboutissement emblématique dans les centres commerciaux. Il va même jusqu'à dire que " le shopping est devenu l'activité ultime de l'espèce humaine ". Il qualifie de " junkspace ", en référence à la " junkfood ", les espaces occupés par les grands commerces et leurs parkings en périphérie de ville. " Nous jugeons le junkspace comme une aberration. Nous avons tort. Le junkspace est l'essence de notre siècle, et il connaîtra bientôt son apothéose. " Certains de ses élèves complètent : " Avec une aisance presque insipide, l'avancée du centre commercial est en train de remanier le paysage, de réorganiser la ville et, pour finir, de recomposer l'identité culturelle européenne. " C'est le règne de la charpente métallique, de l'éclairage au néon, de l'air conditionné et de l'escalier mécanique. Les hommes de marketing vont jusqu'à expliquer que le consommateur ne va plus seulement acheter dans ces lieux, mais y chercher du sens. Heureusement, un sociologue du Crédoc l'affirme, étude à l'appui : on ne fait pas de rencontre dans un centre commercial. Les pratiques sociales se perpétuent ailleurs, comme à la sortie de l'école en cherchant les enfants. Pour combien de temps encore ?
N° 88 LUNDI 6 NOVEMBRE 2000
RECHAUFFEMENT DU CLIMAT : IL Y A URGENCE !LE MONDE, 3 NOVEMBRE 2000Après les dernières révélations du groupe d'experts sur l'évolution du climat, créé en 1988 pour conseiller les gouvernements, dans un dossier à la une Le Monde est allé droit au but : " le réchauffement climatique n'est pas une lubie environnementale, c'est un phénomène physique concret qui dominera l'existence commune des humains pendant tout le siècle à venir. " Nous savons tous que la température moyenne ne cesse d'augmenter depuis le milieu du XIXème siècle, que la couverture neigeuse et l'extension des glaces sont en diminution, que le niveau moyen des mers s'est élevé, que le climat évolue. La nouveauté préoccupante réside dans le fait que les estimations de réchauffement ont été revues à la hausse par les spécialistes. Vers 2100, les températures devraient être supérieures de 1,5 à 6° C aux températures actuelles. Surtout, cette élévation devrait être supérieure sur les continents que sur les océans. L'Asie du Nord, et donc la Chine, devrait être particulièrement touchée. Pourtant, les gouvernements peinent à mettre en place des actions concrètes au-delà des bonnes résolutions. Il y a désormais urgence. Les pistes principales résident dans la préservation des forêts et l'évolution des modes de consommation de l'énergie. A suivre de près.
N° 85 LUNDI 16 OCTOBRE 2000
LE MALHEUR D'ETRE AMNESIQUE" REPORTAGES ", TF1, 14 OCTOBRE 2000Imaginez un instant que soyez amnésique. Votre mémoire ne fonctionne plus. Vous ne pouvez plus participer à une conversation, même passionnante, parce vous ne savez plus ce qui a été dit il y a à peine deux minutes. Lorsque vous voulez vous exprimer, le temps de retrouver le bon mot, vous avez perdu l'idée. Le matin, le midi, le soir ne veulent plus rien dire. Sortir seul dans la rue devient périlleux, même dans votre quartier vous n'êtes pas certain de retrouver votre chemin. Parfois, vous devez réapprendre à manger, à vous tenir debout, à lire et à écrire. Vous ne pouvez avoir aucune activité sociale. Vous n'avez plus d'ami. Vous vivez seul, parfois avec votre famille. Vos proches souffrent. Vous avez conscience d'être inutile alors qu'avant vous meniez une carrière brillante… Avant, c'était avant l'accident de voiture, la rupture d'anévrisme, les mois de coma. Le reportage présenté samedi dernier par TF1 était bouleversant, les témoignages poignants. Un jeune homme menait de prometteuses études médicales quand il a été terrassé par une rupture d'anévrisme. C'était il y a treize ans. Il a le souvenir de ses belles années, mais depuis, sa mémoire n'inscrit plus rien. Un homme plus âgé était ingénieur et a construit des ponts et des barrages dans le monde entier. Aujourd'hui, il parvient à peine à couper sa viande. Lui aussi a conscience de son passé heureux. Le plus dur, " c'est le regard des autres ", la dévalorisation permanente, la certitude d'être inutile. " Je voudrais leur prouver que j'étais le premier de la classe ", crie l'ex-étudiant. Il ne le pourra plus jamais. Derrière leur courage et leur apparente joie de vivre perçaient une souffrance sans espoir, un indéfinissable sentiment de perdition.
QUAND LES JEUX VIRTUELS RENDENT MALADESwww.courrierinternational.com 9 OCTOBRE 2000Reprenant un article de Salon Magazine de San Francisco, Courrier International mettait récemment en avant les risques liés à la pratique des jeux virtuels. Bien que peu de chercheurs s'intéressent encore au phénomène, il semblerait bien que les cas de malaise après avoir joué à un jeu vidéo en 3D se multiplient. Un joueur invétéré expliquait qu'il devait s'allonger plusieurs heures dans l'obscurité pour évacuer sa sensation de malaise après le jeu. Il lui était alors impossible de marcher, de regarder la télé ou de conduire. Les spécialistes évoquent la " maladie du simulateur ", connue dans le milieu militaire des astronautes. Pour l'expliquer, un chercheur américain parle de " conflit sensoriel ". " Dans un environnement virtuel tridimensionnel, le sujet reçoit une information virtuelle lui signalant qu'il est en mouvement. Mais il reçoit également des informations de son système vestibulaire (situé dans l'oreille interne) lui signalant qu'il est immobile. " Le cerveau se perd et le joueur finit par se sentir mal. Les éditeurs de jeux sont conscients du phénomène et travaillent pour le minimiser. A suivre. Comme d'habitude, Courrier International proposait de nombreux liens complémentaires pour approfondir la question.
N° 84 LUNDI 9 OCTOBRE 2000
TELERAMA A 50 ANSTELERAMA, N° 2647, 4 OCTOBRE 2000" Télérama en deux mots ? Insupportable et indispensable. " La citation est d'Hervé Bourges dans la rubrique du magazine-anniversaire ouverte aux personnalités. Elle résume bien le lien sentimental des lecteurs avec ce titre emblématique du paysage culturel français, aujourd'hui diffusé à plus de 800.000 exemplaires. Né en 1950 sous le nom Radio-Cinéma, il n'a jamais cessé de " tisonner le goût de la liberté " de chacun en nous proposant toute la richesse de l'actualité culturelle. Le sondage qui accompagne cet anniversaire est consacré aux personnalités culturelles qui ont marqué la scène depuis cinquante ans. Parmi les auteurs, Sartre, Camus et Yourcenar arrivent en tête pour les Français et Rushdie loin devant pour les étrangers. A la télé, le paysage est dominé par Léon Zitrone et Michel Drucker. Au cinéma, le trio gagnant est constitué de Besson, Lelouch et Truffaut, d'Hitchcock, Spielberg et Allen pour les américains. Côté musique, Brel, Brassens et Hallyday sont en tête, face aux Beatles, aux Stones et à Elvis. Il y a là moins de surprise que nous en réserve l'hebdomadaire. Et si vous le lisez, reconnaissez que vous vous précipitez chaque semaine sur les petits personnages qui illustrent les critiques-ciné, pour voir d'emblée s'ils sont enthousiastes ou déprimés à propos du film que vous attendez !
N° 82 LUNDI 25 SEPTEMBRE 2000
L'ENTREPRISE SELON COMTE-SPONVILLEL'ENTREPRISE, SEPTEMBRE 2000Le philosophe André Comte-Sponville est connu du grand public depuis l'immense succès de son " Petit traité des grandes vertus " paru en 1995. Certains le critiquent sévèrement, le jugeant trop médiatique. On se demande plutôt s'ils ne sont pas jaloux de sa réussite, de sa capacité évidente à intéresser un nouveau public à la philosophie. Dans l'interview qu'il accorde ce mois à L'Entreprise, il prévient que son propos n'est pas de plaire ou de déplaire, mais " d'éclairer sur ce qui est ". Sur le monde de l'entreprise, ses positions tranchent. A ses yeux, c'est clair, " le but d'une entreprise n'est pas de créer de la vertu, de la justice ou du bonheur, mais de générer du profit. " Elle est moins au service de ses clients et de ses salariés que de ses actionnaires. L'entreprise est donc amorale. La moralité se situe au niveau des hommes qui l'animent. Mais là encore, il ne mâche pas ses mots : " le chef d'entreprise doit être un " bon patron " avant d'être un " patron bon " ". A lui de trouver l'équilibre entre la création de profit et l'épanouissement de ses collaborateurs. " Un dirigeant n'est pas là pour donner du sens à la vie de ses salariés. Il lui appartient en revanche, s'il veut se montrer humain, de créer au sein de l'entreprise une atmosphère telle que la grâce soit possible, c'est-à-dire que les individus puissent y trouver leur propre sens. " En quelques mots, Compte-Sponville éclaire.
N° 81 LUNDI 18 SEPTEMBRE 2000
" THE ECOLOGIST " ARRIVE EN FRANCEL'ECOLOGISTE, NUMERO 1, AUTOMNE 2000Teddy Goldsmith, un des grands théoriciens de l'écologie, avait lancé la revue The Ecologist il y a trente ans en Grande-Bretagne. Cet automne, il en crée la version française : L'Ecologiste. Le moment semble bien choisi. Comme il l'explique dans son éditorial, " les écologistes ne sont désormais plus seuls à combattre les forces qui sont en train de détruire notre planète. " Une part croissante de la population est sensible aux discours montrant du doigt le libre-échange, la mondialisation et la puissance des grandes multinationales. [Sur ce dernier point, lire cette semaine l'instructif dossier du Nouvel Obs sur ces " surpuissants qui contôlent notre vie " sur www.nouvelobs.com.] Ce premier numéro consacre un important dossier au cancer, dont on apprend qu'il devient, en France en 2000, la première cause de mortalité, tous âges confondus. Pourtant, les moyens consacrés à la recherche restent très faibles. L'article sur les additifs alimentaires suspects est particulièrement inquiétant. La revue propose encore un article sur les OGM et s'achève par quelques notes de lectures très éclectiques. Cette dernière rubrique témoigne bien de l'esprit de cette revue, qui se veut à l'écoute de la société dans son ensemble et très bien documentée.
N° 80 LUNDI 11 SEPTEMBRE 2000
LE PLEIN EMPLOI DE RETOURLE MONDE, 5 SEPTEMBRE 2000Les années 90 noires sont bel et bien derrière nous : la baisse du chômage s'accélère et le nombre de créations d'emploi n'a jamais été aussi fort depuis 40 ans. Dans ce contexte, un nouveau débat fait son apparition pour savoir jusqu'où ira cette baisse et donc à quel niveau se situe exactement le plein emploi. Pour les uns, le taux de chômage devrait se situer entre 1 et 3,5 %, correspondant à un chômage dit frictionnel, d'ajustement entre deux emplois. Pour les autres, les 9,7 % actuels sont déjà très proches de la fourchette des 7 à 9,5 % envisageables. Les partisans de cette seconde hypothèse mettent en avant une part incompressible de sans-emploi. Ils estiment qu'il coûterait au final trop cher de les remettre au travail et que cela stimulerait l'inflation toujours menaçante. Quelle que soit la réalité dans les prochains mois, tous les observateurs s'accordent à dire que le plein emploi ne ressemblera en rien à celui des Trente glorieuses, dominé par les contrats à durée indéterminée et le temps plein. Aujourd'hui, ses caractéristiques sont la précarité et la persistance d'un niveau de chômage élevé des plus âgés. Certains parlent aussi du phénomène de " trappe à pauvreté " : parce que le SMIC est proche de leurs revenus, certains chômeurs ne sont pas incités à reprendre un emploi. Nous entrons bel et bien dans une nouvelle période, pour laquelle Jacques Attali aime à répéter que nos responsables auront d'abord à gérer des " crises de croissance ". Mais après tout, il est sans doute plus agréable de traiter celles-là que les autres.
N° 79 LUNDI 4 SEPTEMBRE 2000
VIVE LA RENTREE !REVUE DE PRESSELa météo du premier week-end de septembre a brutalement rappelé à l'ordre tous ceux qui avaient encore la tête en vacances. L'heure de la rentrée a sonné ! Avec délice, le retour au boulot ou à l'école coïncide avec la découverte de toutes les pépites du moment : nouveaux livres, journaux, sites, films… Cette semaine, " Dans ces bras-là " de Camille Laurens, chez POL, rassemble toutes les critiques. Elle y parle avec intelligence des hommes. En kiosque, les couvertures des féminins annoncent les couleurs et modes d'automne, entre motifs écossais, col roulé et quelques paillettes. Les titres people retracent les aventures, parfois folles, de l'été. Les magazines télé dévoilent les nouveaux programmes. Le remplaçant de Nagui à " Nulle part ailleurs " sur C +, Thierry Dugeon, 34 ans, est une des nouvelles têtes attendues. La presse économique, à l'unisson, dévoile les salaires dans la nouvelle économie, de quoi rendre jaloux ceux qui n'en ont pas pris le train. Sur le web, www.amazon.fr a concentré tous les regards. Il n'a pourtant rien de palpitant. La surprise vient plutôt de www.zurban.fr, le site créatif du nouveau city-guide de Paris vendu en kiosque. Sur grand écran, " O'brother " réjouit, mais déjà il est partout question du prochain Disney des fêtes : " Dinosaure ". Malgré tout, les préoccupations des Français restent très terre-à-terre pour la reprise : 1. les impôts, 2. l'essence, 3. la vache folle. Mais Ca m'intéresse l'avait écrit cet été : ils se disent heureux, dans un pays où il fait bon vivre. Rien à voir avec la Russie accablée par les catastrophes en cascade. Avec un peu de recul, Jean-Louis Servan-Schreiber, dans son édito de septembre dans Psychologies, n'hésite pas à parler de " nouvelle Belle Epoque ", à l'image de celle des années 1900. Il la voit emprunte de liberté personnelle et de générosité au service des moins favorisés qui en ont besoin. Comme l'actualité est sans relief majeur, il invite à l'introspection, à sonder " notre rapport personnel à l'existence ". Même Bill Clinton a remis au placard son projet, controversé à l'étranger, de bouclier antimissiles : il n'y a plus aucune tension à l'horizon. La croissance est là, l'actualité est calme, l'environnement est serein. Que demander de plus, sinon quelques pépites à savourer ? Bonne rentrée !
N° 77 LUNDI 21 AOUT 2000
LA GRANDE-BRETAGNE PRETE A AUTORISERLE MONDE, 18 AOUT 2000
LE CLONAGE HUMAIN THERAPEUTIQUEL'information est tombée au plein cœur de l'été mais risque bien de marquer une date importante de l'histoire de la biologie humaine. Le gouvernement britannique a autorisé la recherche sur la création par clonage d'embryons humains dans un but thérapeutique. L'objectif n'est pas le développement des embryons dans un utérus maternel, comme ce fut le cas pour Dolly, mais l'exploitation de certaines composantes cellulaires pour mettre au point des traitement contre les maladies dégénératives. Bien que le Parlement britannique doive encore se prononcer sur cette décision, elle marque un tournant sur le principe. Une fois le processus lancé, comment pourra-t-il être contrôlé ? Le risque de dérapage existe. Dans tous les cas, une question de cette importance ne devrait-elle pas être abordée au préalable au niveau international ? A suivre de très très près.
N° 76 LUNDI 14 AOUT 2000
QUELQUES REALITES SUR L'INSECURITE EN FRANCEMARIANNE, 7 AOUT 2000En seize points étayés de chiffres et d'exemples, l'hebdomadaire Marianne a dressé un état des lieux de la délinquance en France dans son numéro de la semaine passée. L'idée était de s'intéresser aux faits et non aux idées reçues. En substance :Ces données sont brutes, chacun pourra les interpréter comme il l'entend.
- Il est faux de dire que la criminalité a explosé depuis dix ans. Elle a progressé de 2,15 % entre 1990 et 1999, alors qu'elle avait progressé de 9,5 % par an entre 1965 et 1982. Par contre les faits enregistrés sont souvent plus violents et ne touchent plus seulement les grandes agglomérations. Un commissaire parisien a ces mots dans l'article : " Nous avons affaire à une violence brutale, immédiate, disproportionnée, irrationnelle et traumatisante. "
- Les statistiques officielles sont incomplètes. Les faits qui ne donnent pas lieu à procédure judiciaire, les faits non déclarés par peur ou parce qu'ils resteront sans suite ne sont pas comptabilisés. Toutefois, les statistiques sont plus justes que par le passé du fait d'un meilleur suivi des dossiers.
- Si les cambriolages et vols de voiture sont en baisse, les agressions dans la rue, les dégradations, les altercations entre automobilistes sont en forte hausse. Les données de la délinquance explosent aussi dans de nouveaux domaines : les vols de téléphones portables, les utilisations frauduleuses de cartes bancaires, les braquages en pleine reprise économique.
- Le taux d'élucidation des affaires est en baisse régulière : il était de 27,63 % en 1999 contre 51,70 % en 1972. La raison principale est que les faits sont plus nombreux : 1.675.507 en 1972 contre 3.567.864 en 1999. Et cette donnée doit être relativisée : le taux de résolution est de 80 % pour les homicides et de 3 % pour les vols à la tire.
- Depuis 1995, le taux des classements sans suite est passé à 80 %. Il en découle un certain sentiment d'impunité.
- Les délinquants mineurs sont de plus en plus nombreux : 20 % ont moins de 16 ans et la proportion des 12-13 ans progresse rapidement. Ils sont souvent plus durs que les plus âgés et utilisent impulsivement des armes, sans réfléchir.
- En France, il y a un policier ou un gendarme pour 251 habitants, contre 303 en Allemagne ou 380 en Grande-Bretagne. Ce nombre est stable depuis 1972 !
N° 75 LUNDI 7 AOUT 2000
TRIZ : L'ETONNANTE METHODE DE CREATIVITEwww.courrierinternational.com 3 AOUT 2000Courrier International évoque cette semaine l'étonnante histoire d'une méthode de créativité qui commence à faire du bruit aux Etats-Unis : la méthode TRIZ. L'article est une reprise de Salon Magazine à San Francisco. TRIZ est l'abréviation en russe pour " théorie créative de la résolution de problèmes. " Ses principes de base ont été inventés par un jeune employé aux brevets navals dans la Russie soviétique des années 40, Genrich Altshuller. Persuadé de l'universalité de sa méthode, il écrit même à Staline qui finit par le faire interner au goulag de Vorkura, au nord de l'Oural. Il met alors à profit ces années d'exil pour affiner et formaliser sa méthode. Elle procède en trois phases : la définition du problème, l'identification de ses contradictions techniques et l'exploration des solutions possibles. Son intérêt par rapport aux autres démarches réside dans son aspect très rigoureux et concret, appuyé sur des techniques précises. Elle ne s'arrête pas à un discours du type " donnez libre cours à votre pensée ". Altshuller est mort en 1998, mais ses proches et associés continuent à enrichir son travail. Leur projet essentiel est la publication d'un livre qui pourrait bien devenir un best-seller mondial. Certaines des plus grandes entreprises américaines commencent à avoir recours à TRIZ. Dernier intérêt de la méthode, et non des moindres, Altshuller était persuadé que la créativité était une des clés des sociétés libres. Un de ses proches le rappelle : " TRIZ ne constituait pas un but en soi. Il était fermement convaincu que le niveau de bien-être offert par une société dépend en grande partie du nombre d'individus créatifs qu'elle compte en son sein. Par exemple, il aimait dire qu'il suffisait qu'une population comprenne à peine 5 % d'individus comme Einstein pour éviter de sombrer dans le fascisme. " Les premières grandes présentation de TRIZ auront lieu en automne en France. En attendant, rendez-vous sur le site américain : www.triz-journal.com
N° 73 LUNDI 24 JUILLET 2000
LES FRANÇAIS ET LES MEDECINES DOUCESL'EXPRESS, 20 JUILLET 2000La majorité des Français fait confiance à la médecine traditionnelle et 20 à 30 % ne veulent même rien savoir des autres disciplines. Selon une récente étude, 5 % ont toutefois eu recours aux médecines douces en 1999 pour se soigner. La Sécurité sociale a par exemple enregistré 7 millions d'actes d'acupuncture et 4,5 millions d'ordonnances homéopathiques. Par rapport à ses voisins étrangers, la France reste très en retard. Elle n'a toujours pas appliqué une directive européenne de 1997 prévoyant la reconnaissance d'un statut particulier pour les " médecines non conventionnelles ". La situation évolue sur le terrain et certains parlent de " révolution " en observant l'entrée en douceur de quelques disciplines à l'hôpital, jusque là très réservé. Ce n'est pas par hasard. " La médecine classique est incapable de répondre à la demande de la plupart des gens qui souffrent mais qui ne sont pas à proprement parler malades ", explique un professeur de médecine de l'hôpital Cochin. L'idée des médecines douces en complément fait donc son chemin. Mais il s'agit de toujours rester prudent : elles doivent être pratiquées par des spécialistes de leur domaine. Et il faut évidemment se méfier quand elles annoncent avoir réponse à tous les maux.
N° 72 LUNDI 17 JUILLET 2000
LA PSYCHANALYSE A 100 ANSLE MONDE, 12 JUILLET 2000C'est dans " L'interprétation des rêves ", publié en 1900, que Freud parle pour la première fois à grande échelle de l'inconscient, autour duquel s'articule toute la psychanalyse. La discipline fête donc ses 100 ans cette année. A cette occasion, elle vient de réunir des états généraux à Paris du 8 au 11 juillet. La psychanalyse est aujourd'hui marquée par un paradoxe : alors qu'elle ne cesse de gagner du terrain dans de nouvelles régions du monde comme l'Amérique du sud, elle en perd dans ses implantations traditionnelles, l'Europe où elle est née et l'Amérique du nord. Aux Etats-Unis, certains vont même jusqu'à évoquer sa mort. Le nombre de patients et de consultations y a considérablement diminué. Tous ne partagent pas cet avis. " La psychanalyse, en tant que méthode universelle et éprouvée pour faire reculer la souffrance psychique, est plus vivante que jamais ", explique Dominique Dhombres dans son article. 30.000 spécialistes à travers le monde la pratiquent. Partout, et c'est le cas en France, elle séduit de nouvelles couches de la société, plus populaires. Son avenir ne semble donc pas aussi miné que certains le disent.
N° 71 LUNDI 10 JUILLET 2000
L'INCROYABLE PROJET ARGOFRANCE-INFO, 9 JUILLET 2000Pour l'instant, nous connaissons avec précision la météo quelques jours à l'avance. Imaginez que nous la connaissions demain en détail, une saison entière à l'avance. Des régions du monde pourraient être protégées, les paysans seraient en mesure de faire des choix de plantation, des tempêtes comme celles connues l'an passé par la France pourraient être annoncées… C'est en quelque sorte la finalité du programme international ARGO. La météo naît au niveau des océans. L'idée est d'y placer 3.000 sondes aptes à mesurer et transmettre la température et la salinité de l'eau entre la surface et 2.000 mètres de profondeur. Les interactions entre l'océan et l'atmosphère seront alors mieux connues et de nouveaux modèles d'analyse pourront voir le jour. Pour l'heure, les sondes, baptisées profileurs, sont en test. L'Ifremer participe au programme avec son profileur, le Provor. Immergé dans les masses d'eau de l'océan Atlantique, il remonte régulièrement à la surface pour transmettre ses données. Un colloque international sur le projet est organisé ce lundi et ce mardi à Paris par le CNRS.
MEFIEZ-VOUS DU SYNDROME DE L'INDEPSYCHOLOGIES, JUILLET-AOUT 2000Il en avait été question il y a quelques semaines chez Bernard Pivot à l'occasion d'une émission sur l'Inde. Psychologies l'aborde à son tour dans son dernier numéro. Selon le psychiatre Régis Airault, il existe un " choc de l'Inde ". Il se manifeste sous forme " d'angoisse ou de tristesse inexplicable " à l'arrivée, voire sous forme d'hallucinations ou de délires psychotiques après quelques semaines chez d'autres voyageurs. Les personnalités les plus équilibrées et structurées peuvent être touchées, il n'y a pas de règle. " Nos repères de temps, de classes sociales, de langage y sont comme pulvérisés. " L'Occidental est confronté d'un instant à l'autre à un choc culturel fort qui le plonge dans l'irrationnel, le refoulé ou encore dans la mort très présente, loin de toutes les certitudes. En général, le simple retour à la maison règle la situation. Les cas sont nombreux chaque année, Europ Assistance en témoigne. Certains Français connaissent des expériences similaires en se rendant à Florence, et ses œuvres d'art foisonnantes, ou encore Jérusalem, propice à des crises mystiques. Dans l'autre sens, il apparaît que les Japonais en visite à Paris supportent parfois mal leur séjour. Ils voient trop la capitale comme un " paradis civilisé, un idéal de raffinement ". Où que vous partiez, bon voyage !
N° 70 LUNDI 3 JUILLET 2000
LE FOOT, C'EST LA VIE !L'EVENEMENT DU JEUDI, 29 JUIN 2000
EUROPE 1, 2 JUILLET 2000La France a encore gagné, les mêmes ont recommencé. Cette fois, c'est la Coupe d'Europe. L'émotion est la même qu'il y a deux ans, sinon plus forte encore. Bravo, immense bravo ! Rien ne pouvait résister à cette équipe. Sa force ? D'être une équipe solide, autant sur le plan physique que relationnel, coachée avec une savante maîtrise. Tous les choix de Roger Lemerre ont été judicieux. Vient ensuite la volonté irrésistible de gagner. Elle se lisait sur les visages, dans le moindre des mouvements des joueurs. Rien ne pouvait leur échapper. " Le foot est à l'image de la vie " aime à dire Guy Roux. Il a raison, c'est la France toute entière qui gagne en ce moment et qui sait faire la fête. Et dans ces instants de joie, les politiques ont été fidèles à leur décalage avec cette même société française. Le Président et le Premier ministre n'ont pu s'empêcher de dire un mot récupérateur en pleine euphorie. L'un et l'autre ont sonné faux, comme empruntés, impossible de les croire. Dans son dernier éditorial dans L'Evénement du Jeudi, Maurice Szafran expliquait que " pour comprendre les ressorts d'un peuple, il suffit d'observer, et de comprendre, sa façon de jouer au foot. " Il citait les exemples allemand, un pays assoupi, sans créativité sur le terrain, à l'image de son industrie semble-t-il, ou anglais avec la " décadence " du foot purement britannique. Alors cette comparaison est pleine de promesses pour la France ! Après tout, n'est-ce pas depuis deux ans que le pays va franchement mieux, depuis un certain match gagné 3-0 contre le Brésil ? Ce que nous a offert cette équipe est beau et fort. L'instant doit rester en mémoire comme une boussole, celle qui montre la direction pour mieux avancer.
"CHAMBRES ET TABLES D'HOTES MAGAZINE"NUMERO 1, JUILLET-AOUT 2000Vous finalisez vos projets de vacances et vous recherchez un coin bien calme pour vous ressourcer ? Ne manquez pas le premier numéro de ce nouveau magazine consacré à cette façon bien sympathique de passer son séjour : la chambre d'hôte. Bien des conseils y sont donnés et des fiches pratiques résument les meilleures adresses présentées. Chacune d'elle a sa particularité qui fait son charme. Le lecteur a vraiment envie de toutes les connaître. Bon voyage !
N° 69 LUNDI 26 JUIN 2000
90 % DU GENOME HUMAIN DECODESLE JOURNAL DU DIMANCHE, 25 JUIN 2000C'est la grosse pépite de la semaine, immense, débordante d'espoir pour les années qui viennent. Lundi 25 juin 2000, cinq pays divulguent simultanément le contenu du génome humain, notre carte d'identité génétique. Mais attention, le décodage n'est pas encore complet : il se situe environ à 90 % de la totalité. Il faudra encore deux à trois ans à tous les laboratoires de recherche dans le monde pour établir la carte complète. Il faut dire que le chantier est colossal. Les 24 chromosomes d'une cellule humaine sont composés de 3 milliards de bases ! Il faudra ensuite identifier et interpréter les gènes, des séquences de bases, qui constituent le génome. A l'heure actuelle, la fonction de quelques centaines seulement est connue. Il en reste des dizaines de milliers à évaluer. Cette démarche est essentielle car elle devrait permettre progressivement de mieux comprendre l'évolution de l'espèce humaine et, concrètement, le pourquoi de certaines maladies. Des traitements pourront ensuite être élaborés. Les thérapies géniques devraient être au cœur de la recherche scientifique du XXIème siècle. 3.000 maladies génétiques sont actuellement répertoriées chez l'homme. L'espoir est immense ! Il reste à espérer que la dimension scientifique de ces recherches l'emporte. Si beaucoup font du génome un patrimoine commun de l'humanité, d'autres y voient une source de profit à fort potentiel…
L'IMMIGRATION A NOUVEAU INCONTOURNABLE EN EUROPE ?LE MONDE ECONOMIE, 20 JUIN 2000Le constat est sans appel. L'Europe se dépeuple et la tendance ne va que s'accélérer d'ici à 2050. A cette date, il y aura 40 millions d'Européens de moins qu'aujourd'hui. La question essentielle est alors de savoir comment nos gouvernants vont résoudre le problème du maintien des niveaux de retraite sans augmenter encore le nombre d'années de cotisation. Et, à court terme, une nouvelle interrogation surgit : comment répondre aux besoins de main d'œuvre émergeants en pleine reprise économique, sur le chemin du plein emploi ? A ces questions, un rapport de l'ONU apporte une réponse radicale : l'Europe va devoir faire appel à 700 millions de nouveaux immigrés. Inutile de dire que ce chiffre a fait sursauter la plupart des gouvernements européens, tous confrontés d'une façon ou d'une autre à de sérieuses incapacités à intégrer certaines parties de la population. Pourtant, dans les faits, les autorités politiques et économiques cherchent des solutions. En Allemagne, des négociations sont en cours pour faire venir 20.000 informaticiens. En Italie, 63.000 visas vont être accordés cette année. En France, le Medef recense les besoins de main d'œuvre et Martine Aubry attend un rapport sur les conséquences sur le marché du travail d'un nouveau recours à l'immigration. L'exemple américain ne trompe pas : sans recours à l'immigration, les Etats-Unis n'auraient jamais retrouvé la croissance qu'ils traversent aujourd'hui. L'Europe a-t-elle le choix ?
N° 68 LUNDI 19 JUIN 2000
L'EXPLOSION DU MARCHE DE L'EAU EN BOUTEILLELE MONDE, 23 MAI 2000Observez les rayons de votre supermarché : il ne se passe pas un mois sans qu'une nouvelle eau en bouteille fasse son apparition. Parce qu'elle répond à une attente de sécurité alimentaire et de meilleure santé, la consommation d'eau progresse fortement. Elle est la plus importante en Europe de l'ouest, qui concentre 49 % du marché évalué à 28 milliards de dollars annuels dans le monde. Un Italien boit 157 litres d'eau en bouteille par an, le record, suivi du Français avec 124 litres. Au niveau mondial, la consommation moyenne par an et par habitant est de 11 litres contre 9 il y a sept ans seulement. Bien que les soft drinks, les boissons non alcoolisées sucrées, restent les plus consommées avec 36 litres par an, l'eau leur prend des parts de marché. Coca-Cola et Pepsi ont d'ailleurs vite compris le danger et ont investi dans le domaine. Aquafina de Pepsi est l'eau la plus vendue aux Etats-Unis, devant celle des leaders mondiaux classiques Danone et Nestlé. Il s'agit d'une eau dite purifiée, c'est-à-dire traitée. Ce type d'eau est le préféré des Américains, qui en consomment beaucoup en bonbonnes livrées au travail ou à domicile. En France, la consommation est dominée par les eaux minérales en bouteilles de 1,5 litre, pour des raisons historiques liées au thermalisme. Mais Danone et Nestlé, leaders sur ce créneau, savent que le marché évolue. La vente des eaux de source, comme Cristalline, progresse. En réponse, Nestlé vient de lancer une nouvelle marque à dimension européenne : Aquarel, en bouteille de 1,5 litre. De son côté, Coca exploite le marché des eaux enrichies en minéraux : BonAquA est déjà en vente en Allemagne. Les grandes manœuvres ont commencé autour d'un des produits-clés du XXIème siècle.
N° 67 LUNDI 12 JUIN 2000
OU SONT LES INTELLECTUELS ?" C'EST ARRIVE DEMAIN ", EUROPE 1, 11 JUIN 2000La revue de réflexion Le Débat fête ce mois-ci ses vingt ans. Lancée en 1980 par Pierre Nora, elle se veut un journal d'idées sur les grandes questions du moment. Tous les deux mois, elle réunit quelques grandes signatures pour aborder une série de thèmes importants. A l'occasion du numéro anniversaire, Pierre Nora s'interroge sur la question de savoir où sont passés les vrais intellectuels. Il cite Sartre en modèle de " l'intellectuel total ", capable du meilleur comme du pire. Le premier numéro de la revue était d'ailleurs paru le jour de sa disparition. Selon Nora, un intellectuel est " un homme qui engage dans un combat politique une réputation de compétence acquise, une œuvre de pensée. " A la lumière de cette définition, il pense que l'intellectuel engagé n'existe plus. Il subsiste bien quelques intellectuels de gauche et quelques autres médiatiques, mais ils font pâle figure face à leurs aînés. Signer une pétition pour les sans-papiers ou défendre une cause à la télévision ne peut suffire : " être intellectuel, ce n'est pas s'installer dans la protestation généralisée " estime Nora. Pour mémoire, le terme d'intellectuel est vraiment né au début du siècle pour Zola, lors de l'affaire Dreyfus.
LA " RENAISSANCE FRANCAISE " SELON TIMETIME MAGAZINE, 5 JUIN 2000Dans le dossier de son dernier numéro, Time s'éloigne des clichés traditionnels qui collent habituellement à la France, comme la semaine des 35 heures, l'idée de nation centralisée, ses prétentions à se trouver supérieure. Le magazine distingue même " une nouvelle France à l'aube du XXIème siècle. " Que se passe-t-il donc ? Le regard des étrangers est toujours intéressant pour mieux nous comprendre et prendre un peu de recul. Time souligne les avancées significatives du gouvernement Jospin dans le domaine des privatisations et de la lutte contre le chômage. Jospin aurait " redonné foi aux Français ". Le libéralisme n'est plus non plus tout à fait " un gros mot en France ", sans doute parce que la notion échappe aux politiques et qu'elle se construit sur le terrain. Cette situation illustre d'ailleurs les limites des hommes politiques de notre pays. Ils peinent à faire émerger de nouveaux modèles pour accompagner les changements. Surtout, il manque un leader capable de fédérer la majorité. Le pays souffre aussi de l'absence de débats sur les grandes questions de fond et les directions que la société peut prendre. Les dirigeants raisonnent trop avec des schémas dépassés. La renaissance se joue loin d'eux, en province, souvent grâce à la décentralisation. Et c'est dans tout le pays que la société devient multiculturelle, intégrant petit à petit ses immigrés. Le symbole le plus frappant de cette renaissance reste l'explosion de la nouvelle économie. Le pays comble à pas de géant son retard et découvre un nouveau modèle de réussite, dominé par l'improvisation et le mérite. Enfin l'idée d'entreprendre n'effraie plus les jeunes, une nouvelle dynamique traverse les esprits. Pourvu que ça dure et que s'éloignent les vieux démons ! Sur ce chemin, le chantier le plus important concerne la réforme de l'Etat.
N° 66 LUNDI 5 JUIN 2000
PAPI-BOOM : NOUS Y SOMMES !MARIANNE, 29 MAI 2000Les hommes ont de quoi se consoler. Leur espérance de vie, 74,9 ans, reste inférieure à celle des femmes, 82,4 ans, mais elle a progressé plus vite ces cinq dernières années : onze mois de plus contre six ! Résultat : 20 % de la population française a atteint l'âge de la vieillesse, c'est-à-dire plus de 60 ans. Et cette proportion ne va pas cesser de progresser dans les années qui viennent. Elle finira même par être supérieure à celle des moins de 20 ans en 2020. Le nombre des plus âgés augmente le plus vite : les plus de 85 ans sont sept fois plus nombreux qu'il y a quelques années. Ces retraités ont de quoi être heureux, d'autant plus qu'ils quittent le monde du travail de plus en plus tôt. En 1969, l'âge moyen de départ à la retraite était de 62,4 ans, contre 56,5 ans aujourd'hui. Ils disposent aussi de moyens confortables : les plus de 60 ans possèdent 72 % des placements financiers réalisés et représentent 70 % des contribuables assujettis à l'impôt de solidarité sur la fortune. Ces moyens leur permettent de voyager, de sortir, de se cultiver. 8.000 adultes s'inscrivent à la Sorbonne chaque année, contre 1.800 en 1981. Les mentalités changent aussi sur le plan de la sexualité des personnes âgées : 93,13 % des 80-93 ans déclarent en effet aimer la sexualité. Ils sont même 74,5 % à estimer que leur plaisir est supérieur à celui qu'ils ont connu étant jeunes. Une nouvelle ère a commencé.
" CEUX QUI FONT BOUGER LE MONDE "COURRIER INTERNATIONAL, 31 MAI 2000A l'occasion de son numéro 500, Courrier International propose une galerie de portraits inattendue de personnalités du monde entier, pas forcément connues mais qui changent la vie dans leur pays. L'hebdomadaire s'est intéressé aux domaines des droits de l'homme, de l'économie, des sciences et de l'écologie, de la culture. En Russie, Sergueï Kovaliev se bat pour la justice et la démocratie depuis 1965. Après avoir présenté un rapport sur la guerre en Tchétchénie devant le Conseil de l'Europe, il a subi les foudres des autorités russes. Aux Etats-Unis, Glenn Stein a eu la bonne idée d'offrir aux déshérités une initiation à l'informatique. En deux ans, il a remis 1.000 personnes sur le marché du travail. En Inde, l'avocat Mahesh Chandra Mehta est considéré comme le sauveur du Taj Mahal. Il a fait fermer 230 usines autour du monument, qui le menaçaient de leur pollution. 300 autres ont installé des équipements anti-pollution. Partant du constat que " si la moitié de la population mondiale n'a jamais donné un coup de téléphone, les trois quarts des habitants de la planète regardent la télévision ", le canadien David Nostbacken a créé un réseau de chaînes d'expression culturelle locale dans 30 pays. Tous ces portraits ne donnent qu'une envie : passer à l'action !
N° 65 LUNDI 29 MAI 2000
QUAND L'EUROPE TOURNE AU BAZAR" LE GRAND BAZAR EUROPEEN ", FRANCE 2, 21 MAI 2000
" FARINES AMERES ", THALASSA, FRANCE 3, 26 MAI 2000L'excellent reportage diffusé dimanche soir 21 mai sur France 2, " Le grand bazar européen ", est édifiant. Il en dit long sur les dérives d'une Europe qui s'éloigne de sa belle ambition communautaire initiale. Après de longs mois d'enquête fouillée, il montre les absurdités bureaucratiques, les fonctionnaires et les parlementaires attachés à leurs privilèges et, surtout, les limites politiques du système. Sur ce dernier plan, l'affaire de la vache folle en est une illustration criante. Selon un expert en agronomie très impliqué à Bruxelles, elle est même le résultat direct de la politique européenne. A partir de 1962, à la création de la Politique Agricole Commune, des productions entières sont protégées et soutenues. Sous la pression des Etats-Unis, leader mondial dans le domaine, celle des aliments pour animaux ne l'est pas. Dès lors la porte est ouverte à tous les dérapages. Les industriels s'emparent de l'activité, jusque là souvent traitée sainement par les paysans eux-mêmes. Le cercle vicieux marchand s'empare du créneau. Pour vendre plus, il faut produire moins cher. Les ingrédients des aliments finissent par être moins chauffés, par intégrer des boues d'épuration dans certains cas… jusqu'à ce que finisse par éclater la triste affaire. Et à ce jour, rien ne semble vraiment réglé. Un éleveur de poulets breton interrogé l'a bien expliqué. Le coût de revient des œufs qu'il produit se situe à 28 centimes. Il les revend à 23/24 centimes. Sa survie, il la doit aux avances de trésorerie consenties par les vendeurs d'aliments, qui peuvent ainsi continuer à écouler leurs immenses productions. Sans cela, le système s'arrêterait. Tout le monde le sait, tout le monde sait que cela va mal finir, mais personne ne fait rien de décisif.
Quelques jours plus tard sur France 3, le reportage " Farines amères ", dans Thalassa, confirmait des dérapages du même ordre dans le domaine de l'élevage des poissons. Alors que l'introduction de farine d'animaux terrestres est suspendue dans l'alimentation des poissons au titre du principe de précaution, les journalistes ont pu démontrer que la pratique perdurait en Grèce. Problème : du poisson d'origine grecque s'achète et se revend tous les jours sur le marché de Rungis, qui alimente toute la France. Une fois encore, que fait l'Europe ?
Face à ce " bazar ", les médias ont un rôle essentiel d'agitation des consciences pour ne rien laisser passer. Et souhaitons que la France puisse jouer à plein son rôle en prenant la présidence de l'Europe au 1er juillet 2000 pour six mois.
COMMENT JEAN-PAUL II GOUVERNELE MONDE, 19 MAI 2000Dans un long article du 18 mai, Henri Tincq explique le fonctionnement de l'Etat papal. Agé de 80 ans depuis le 18 mai, Jean-Paul II est plus que jamais à la tête du plus petit Etat du monde, avec ses 44 hectares. Les appartements pontificaux et autres salles d'audience se situent au troisième étage du palais-musée. Chaque matin avant sa messe, le Pape s'accorde un long moment de méditation et de prière, dans laquelle, selon ses proches, il puise sa force. Avant cet instant, son secrétaire n'aura pas oublié d'enfermer dans un coffre des petits billets venus du monde entier sollicitant les prières du Pape. Il tient trois plages de travail quotidiennes et reçoit ses invités en fin de matinée ou journée. Il s'exprime peu mais les écoute attentivement. De la gestion courante des affaires, il ne s'occupe pas. Il fait confiance et délègue. Par contre, il prend toutes les décisions essentielles, comme celles des voyages, des grandes nominations, des actes-clés. Ses capacités de " raisonnement et d'émotion " sont intactes. Il tient même à dicter personnellement ses discours les plus importants, ne pouvant plus écrire avec la maladie. La gestion quotidienne est donc confiée à son entourage, stable depuis de longues années. Bien que non participant aux réunions formelles, Dom Stanislas, fidèle secrétaire depuis les années polonaises, est à la fois le confident et l'infirmier du Pape, l'homme le plus proche, à l'influence obscure. Mgr Giovanni-Battista est le substitut, en quelque sorte le directeur de cabinet par lequel passent tous les dossiers. Le cardinal Angelo Sodano est le secrétaire d'Etat, soit le numéro deux officiel. A ses côtés on trouve un Français, Mgr Jean-Louis Tauran, chargé des affaires étrangères. Quant à Joseph Ratzinger, il est préfet du dicastère de la doctrine. Il veille au conservatisme doctrinal de l'Eglise, en défendant des positions souvent plus dures que le Pape. Du renouvellement des hommes, âgés pour la plupart, il n'est pas question. L'entourage du Pape assure que lui-même, malgré son âge, foisonne d'idées nouvelles. Ils n'ont qu'à les appliquer. Henri Tincq conclue donc sur " la nature un peu particulière de ce gouvernement monarchique. "
LE TRAFIC DE CD PIRATES VA-T-IL SUPPLANTER" CD CONNEXION ", ENVOYE SPECIAL, 25 MAI 2000
LE TRAFIC DE DROGUE ?Sur la marché de la revente, trois grammes de cannabis rapportent en moyenne 30 F. Un CD pirate, qui pèse trois grammes lui aussi, peut rapporter jusqu'à 300 F. Les trafiquants du monde entier ont vite compris l'intérêt de se lancer dans la production de copies d'album de musique, de jeux vidéo, de films ou encore de logiciels. Les faux CD inondent la planète. Le reportage diffusé la semaine passée par Envoyé spécial l'a bien montré. L'essentiel de la production vient d'Asie du sud-est et notamment de Thaïlande. Dans ce pays, une usine de production avec pignon sur rue peut produire en toute légalité le jour et en toute illégalité la nuit. Une chaîne de production neuve vaut 25 millions de francs, mais elle est rentabilisée en quatre mois par le trafic. Depuis quelques mois, les autorités des pays producteurs tentent de lutter contre les faux producteurs sous la pression des pays occidentaux. La bataille est loin d'être gagnée. Tant qu'ils ne risqueront pas beaucoup plus que la saisie des contrefaçons et leur destruction, les faussaires ne devraient pas se gêner. En 1998, 16 milliards de CD pirate ont été écoulés dans le monde, représentant une valeur marchande perdue de 100 milliards de francs pour les producteurs officiels.
N° 64 LUNDI 22 MAI 2000
LA TECHNIQUE CRIMINELLE DU PROFILAGE" C'EST ARRIVE DEMAIN ", EUROPE 1, 21 MAI 2000La confession insupportable de Sid Ahmed Rezala dans le Figaro Magazine du dernier week-end a fait la une de tous les médias. Interrogé sur Europe 1 dimanche matin, le criminologue français Laurent Montet a jugé les déclarations du meurtrier tout à fait crédibles au regard de son expérience. S'écartant de cette affaire, il a ensuite expliqué qu'une nouvelle discipline se développait dans la police française pour les enquêtes criminelles : le profilage. Utilisée par le FBI aux Etats-Unis depuis 1979, ils sont seulement une poignée à la pratiquer en France. Le travail commence par l'analyse minutieuse de la scène du crime. Au-delà de l'horreur qu'ils découvrent, et face à laquelle de simples policiers restent démunis, les profileurs tentent de trouver des éléments convergents qui permettent de définir la personnalité du tueur. Certains faits, certaines traces permettent de définir à quoi ressemble le coupable. Cette discipline en mêle de manière intime plusieurs autres comme la psychologie, la sociologie ou encore la psychiatrie. Bien sûr la description physique n'intervient qu'au dernier moment, lorsque le maximum d'éléments a été épluché, pour éviter l'erreur judiciaire. Dans ce petit milieu de spécialistes, une affaire reste dans toutes les mémoires. Aux Etats-Unis à New-York, un profileur en était arrivé à décrire le modèle et la couleur de la veste portée par le criminel. Le jour de son arrestation, la description correspondait en tous points. "Je fais revivre la victime pour profiler le tueur" explique Laurent Montet. Pour en savoir plus, son livre, " Tueurs en série ", paraît cette semaine aux Presses Universitaires de France.
L'EXPLOSION DU TOURISME DE MASSEMARIANNE, 15 MAI 2000Il suffit d'égrainer quelques chiffres pour mesurer l'ampleur du phénomène. En 1980, nous étions 3,5 milliards à bénéficier de congés payés contre 4 milliards aujourd'hui. Il y a vingt ans, on dénombrait 1,5 milliard de déplacements touristiques contre 3 milliards de nos jours. La Vallée des Rois accueillait 1,5 millions de visiteurs par an en 1985, contre 3,9 en 1997. Il n'en faut pas plus au professeur de géographie économique et des transports de la Sorbonne Etienne Auphan pour affirmer que " le tourisme tue le tourisme, il organise son autodestruction ". Les plus beaux sites du monde, archi-visités, du Mont-Saint-Michel au Taj Mahal en Inde, souffrent de cette fréquentation permanente, de cette banalisation à outrance. " Rien n'est plus fragile que l'équilibre des beaux lieux " disait Marguerite Yourcenar. Pour préserver cet équilibre, espérer une prise de conscience salvatrice des voyagistes semble illusoire. Les spécialistes imaginent par contre de contingenter l'accès à certains lieux pour les préserver, comme on le fait déjà pour quelques expositions artistiques. Sachant par ailleurs que la flotte d'avions disponibles passera de 10.000 appareils offrant 1,8 million de sièges aujourd'hui à 19.000 appareils en offrant 4,1 millions en 2018, il est temps de se poser les bonnes questions !
N° 63 LUNDI 15 MAI 2000
LES ILLUSIONS ECONOMIQUES BRESILIENNESCOURRIER INTERNATIONAL, 11 MAI 2000Le président brésilien Cardoso a été réélu pour un second mandat de quatre ans en 1998. Après une sérieuse alerte financière début 1999, marquée par une dévaluation du real, les réformes entreprises montrent quelques signes encourageants, notamment du point de vue du chômage. Mais le pays reste profondément marqué par la politique entreprise par les militaires au pouvoir entre 1964 et 1985. Ils ont mené une politique économique ultralibérale tout en restreignant sévèrement les libertés publiques. Les portes ouvertes aux investisseurs étrangers, le lancement de gigantesques chantiers nationaux de prestige ont pu faire illusion un temps. Certains ont même parlé de " miracle économique ". L'échec en fut d'autant plus retentissant. Un des exemples en est la Transamazonienne. Cette route de 2265 km devait traverser l'Amazonie d'est en ouest. L'objectif était de désenclaver le nord-est du pays, de briser l'isolement des populations dispersées dans la forêt autour du fleuve. Aujourd'hui, il n'est en est rien. Les principaux échanges et ravitaillements continuent à se faire par bateau ou par avion. La route n'a quasiment rien changé. Elle n'est même pas achevée sur les 212 derniers kilomètres. Dans les pires des conditions météorologiques, elle se transforme en infranchissable bourbier. Les chauffeurs qui l'empruntent ne savent jamais combien de temps ils mettront pour la parcourir. En zone rurale, le niveau de vie des habitants reste donc très bas : seul un tiers des 25 millions d'habitants porte régulièrement des chaussures.
isa, NUMERO 1UN NOUVEAU MENSUEL FEMININ, JUIN 2000" isa, c'est la vie en Technicolor ! ". Telle est en un mot l'ambition du nouveau mensuel féminin lancé par Hachette-Filipacchi vers les 25-35 ans. Au hasard de ce premier numéro, vous apprendrez des choses aussi importantes que :Bref, tout cela est très classique, sans surprise et coûte 15 F. La seule bonne idée ? Des cartes de visite à détacher pour garder la trace des bonnes adresses et des numéros de téléphone utiles.
- si vous vous coupez les cheveux les soirs de pleine lune, ils repousseront deux fois plus vite,
- Michael Douglas et Catherine Zeta-Jones tournent en ce moment dans le nouveau film de Steven Soderbergh,
- la Sécurité sociale vous rembourse deux détartrages par an chez votre dentiste,
- comment convaincre l'homme qui ne veut pas avoir de bébé ?,
- comment gérer les premiers enfants de son nouveau copain ?,
- comment passer son permis sans le rater ?.
N° 62 LUNDI 8 MAI 2000
ALAN GREENSPAN : LE MAITRE ECONOMIQUE DU MONDELE NOUVEL ECONOMISTE, 5 MAI 2000Alan Greespan, 74 ans, est depuis douze ans le patron de la Fed, la Federal Reserve, la Banque centrale américaine. En raison de son pouvoir sur l'économie américaine, de nombreux spécialistes s'accordent à dire qu'il détient en ce moment le pouvoir de faire élire le prochain président des Etats-Unis. Si l'économie reste en bonne santé, Al Gore a de bonnes chances d'être élu. Si la conjoncture devait s'inverser, George Bush pourrait l'emporter. Mais quelle est donc la clé de cette puissance ? Elle réside dans la fixation du niveau des taux d'intérêts : plus les taux augmentent, plus l'argent pour les investissements coûte cher, moins la bourse apprécie. Par une simple parole définissant une hausse de taux, Alan Greespan peut faire chuter la capitalisation boursière des plus grandes entreprises du monde. C'est précisément ce qui s'est passé le 4 septembre 1987 alors qu'il venait d'être nommé par Ronald Reagan. Son objectif était alors de réduire l'inflation et le déficit budgétaire. Le moins que l'on puisse dire est qu'il a réussi… mais au prix du fameux krach un mois plus tard selon certains. L'homme est donc puissant mais n'en a pas l'air. Avec son regard à la Woody Allen, il en partage aussi l'humour. " Si vous m'avez compris, c'est que je me suis mal exprimé ", aime-t-il répéter. Il faut dire que ses commentaires, basés sur l'analyse d'une multitude d'indicateurs économiques, laissent souvent perplexes les meilleurs spécialistes. La vigueur de l'économie américaine lui doit pourtant beaucoup. Le secret de sa clairvoyance réside-t-il dans son bain chaud de deux heures pris tous les matins à partir de 5 h 30 pour soigner son mal de dos ? Une seule chose est certaine, comme il le dit lui-même : " Il n'est tout simplement pas crédible que les Etats-Unis demeurent une oasis de prospérité sans être touchés par un monde qui vit un stress grandissant. " Rendez-vous le 16 mai pour sa prochaine annonce sur le niveau des taux.
" BON VOYAGE ! "MENSUEL, NUMERO 1, MAI 2000Hachette Filipacchi est très actif en ce moment. Avant la parution ce mercredi d'un nouveau mensuel féminin à destination des 25-35 ans, le groupe vient de sortir le premier numéro du mensuel Bon Voyage. Il a pour sous-titre " pour réussir vos vacances ". Au prix de 19 F, il est découpé en trois parties. La première invite à partir dans le mois vers les destinations du moment. Chacun pourra choisir son budget, de 2.500 à 20.000 F. La seconde rubrique présente, détails à l'appui, quelques destinations. Tout est abordé : durée de vol, décalage horaire, météo et autres formalités. Pour finir, la revue donne quelques bons conseils aux voyageurs en présentant livres et autres accessoires, sans oublier les fiches à découper sur les bonnes chambres et tables d'un coin de France. Au sommaire de ce premier numéro qui suscite bien des envies : Amsterdam, l'Andalousie, les parcs de l'Ouest Américain.
N° 61 LUNDI 1er MAI 2000
TRISTAN DA CUNHA : L'ILE DU BOUT DU MONDETHALASSA, FRANCE 3, 28 AVRIL 2000Au départ de l'Afrique du Sud, il faut sept jours de mer pour rejoindre Tristan da Cunha, l'île habitée la plus reculée au monde. Elle est située à 3000 km de la première terre. Le bateau fait seulement quatre voyages dans l'année et il n'est pas certain de pouvoir s'approcher de l'île à l'arrivée, en raison du mauvais temps quasi permanent. Sur place, les 292 habitants attendent pourtant avec impatience le ravitaillement. Leur nombre n'a quasiment pas changé depuis un siècle, le Conseil de l'île y veille. Rares sont les étrangers à recevoir son autorisation pour faire le voyage. Les sept familles qui habitent là depuis toujours veillent jalousement à leur petit cône volcanique dont le sommet culmine à 3000 m d'altitude. Le Conseil organise en toute égalité la vie des habitants. Tous participent à la communauté en cultivant des légumes, en mettant leurs compétences au service des travaux à réaliser. Depuis quelques années, une conserverie de langoustes permet à la majorité de gagner sa vie : les langoustes représentent 80 % des revenus des tristanais, ce qui leur évite de payer des impôts à l'Angleterre. L'île est en effet un territoire britannique d'outre-mer. Et l'isolement sur Tristan n'est pas seulement une légende. C'est depuis peu qu'elle possède une liaison satellite pour les communications. Par contre, impossible de recevoir la télévision. Aucun satellite ne couvre cette zone de l'océan Atlantique. Alors de temps en temps, quand les œufs de manchot ne suffisent plus à améliorer l'ordinaire, une famille ou un jeune s'en va, attiré par " le monde ". Pour ceux qui restent, la vie continue dans l'ombre des fumerolles du volcan, qui rappellent que tout peut basculer à chaque instant…
LE DECLIN DE L'ISLAMISME SELON GILLES KEPELLE NOUVEL OBSERVATEUR, 20 AVRIL 2000
LE MONDE, 28 AVRIL 2000Gilles Kepel est un des meilleurs spécialistes français du monde musulman. Il publie ces jours-ci un livre qui fera date dans notre compréhension de l'islamisme : " Jihad, expansion et déclin de l'islamisme ", chez Gallimard. Ce livre est une pépite car il démontre, arguments détaillés à l'appui, que l'islamisme n'est pas le nouvel " empire du mal " après la chute du communisme, comme l'auteur lui-même avait pu le dire et d'autres avec lui. Le monde islamique commence à inquiéter avec la révolution iranienne de 1979. Petit à petit, dans les années 80, les fondamentalistes réussissent à séduire les classes moyennes dans leur combat contre l'Occident. La guerre du Golfe, en 1990-1991, marque l'affrontement sur le terrain des deux mondes. Puis il y a la guerre en Bosnie, la guerre civile en Algérie, les attentats en Egypte. Mais c'est sans doute l'année 1996 qui marque un tournant essentiel, avec l'arrivée des talibans au pouvoir en Afghanistan. Leur lecture radicale du Coran conduit la population à un véritable retour au Moyen Age. Au même moment en Algérie, les massacres se multiplient avec une cruauté insoutenable. Petit à petit, la population, même la plus déshéritée, se met à douter et à rejeter la violence. Les gens ne veulent pas de cette idéologie destructrice. " Les islamistes ont été mis à l'épreuve de l'Histoire " explique Gilles Kepel. Selon lui, " la grande leçon de ces trente dernières années, c'est que les islamistes ne sont pas porteurs d'un idéal qui bouleverse le monde, ce sont des mouvements politiques comme les autres. " Cette prise de conscience coïncide avec l'arrivée d'une nouvelle génération à l'âge adulte, avec des jeunes gens formés, plus citadins, qui rêvent d'autre chose. Ils seront les vrais acteurs de ce que l'auteur appelle le " post-islamisme ", sur le chemin d'une " démocratie musulmane ".
N° 60 LUNDI 24 AVRIL 2000
L'EXPLOSION DU MARCHE MONDIAL DE L'AMOUR MATERNELTHE GUARDIAN, COURRIER INTERNATIONAL, 16 AVRIL 2000Courrier International propose cette semaine un article extrait du quotidien britannique The Guardian. Il ne manquera pas de vous surprendre, en révélant l'existence d'un marché international florissant : celui de l'amour maternel, une nouvelle " marchandise " recherchée, née de la mondialisation. Aux Etats-Unis par exemple, entre les années 50 et aujourd'hui, le nombre de femmes ayant des enfants de moins de six ans et exerçant une activité professionnelle est passé de 15 à 65 %. Résultat : les mamans actives ont de moins en moins le temps de s'occuper de leurs enfants et du foyer et doivent recourir à une nourrice. La " denrée " étant rare aux Etats-Unis, elle est importée de pays en voie de développement comme Les Philippines par exemple. Les parents sont satisfaits de pouvoir mener leur vie comme ils l'entendent et la nounou bénéficie d'un salaire inégalé dont elle fait profiter sa famille restée au pays. Mais le revers de la médaille est de taille : l'éclatement de bien des familles des pays pauvres qui n'en ont vraiment pas besoin. Il est d'autant plus dommageable que ce sont les forces vives qui quittent le pays. Une récente étude vient en effet de montrer que les Philippines travaillant aux Etats-Unis ont souvent plus de trente ans et sont diplômées de l'enseignement supérieur. Cette conséquence inattendue du développement des sociétés occidentales est sidérante, au moment où la mode est partout à la parité hommes-femmes. The Guardian ne voit qu'une solution pour " briser le cercle vicieux " : favoriser le développement. Mais comment faire lorsque " il en va du marché des nourrices comme des autres matières premières des pays pauvres : le marché entretient leur sous-développement en imposant des prix peu élevés " ?
QUAND LE MARKETING INVENTE LE DETECTEUR D'EMOTIONSLE MONDE, 18 AVRIL 2000Que nous réservent encore les spécialistes du marketing ? " Le but de la nouvelle étape de la recherche en marketing : mettre sur le marché des produits et des publicités qui soient en parfaite résonance avec l'état d'esprit du public. " Cette nouvelle forme de marketing, appelée marketing physiologique, intéresse déjà McDonald's et Coca-Cola. Concrètement, des capteurs sont installés sur les mains ou la tête des cobayes. Reliés à des ordinateurs, ils mesurent le degré d'attention et le niveau d'implication des spectateurs, sans forcément chercher à comprendre le pourquoi de leur intérêt. L'idée est ensuite de reproduire les moments favorables dans d'autres publicités. La course à la mesure émotionnelle est lancée et les plus grands publicitaires rivalisent de méthodes. Ils ont toutefois encore du mal à en maîtriser tout l'intérêt, ce qui nous laisse un peu de répit. Mais pour combien de temps ?
N° 59 LUNDI 17 AVRIL 2000
INVESTISSEZ DANS LES FONDS " SOCIALEMENT RESPONSABLES "MARIANNE, 10 AVRIL 2000Il y a quinze ans débutait en France la libéralisation du marché financier. Avec les thèmes qui font aujourd'hui la une de l'actualité économique, comme les OPA, les fonds de pension ou les stock-options, les spécialistes évoquent la fin de la financiarisation de notre économie. La dernière tendance en date en est la ruée des petits porteurs à la bourse, notamment sur les valeurs de la nouvelle économie, qu'ils achètent par le biais de leur trader en ligne. Aux Etats-Unis, 45 % des foyers ont des économies placées en bourse. Tout cela voudrait-il dire que les cotes des actions remplaceront bientôt le bulletin météo ? Non si l'on en croit un mouvement émergeant aux Etats-Unis et qui commence à apparaître en France : celui de l'investissement de ses économies dans des fonds plus éthiques, plus socialement responsables. Dans ces fonds, le critère de rentabilité, et donc la cote, n'est plus le seul à orienter le choix. En sont éliminés toutes les entreprises qui produisent de l'alcool, du tabac, des jeux d'argent, du nucléaire, ou qui dégagent plus de 2 % de leur CA avec des commandes militaires. Sont également prises en compte les dimensions sociales, environnementales et de développement durable prises par les entreprises. Dans les fonds de ce type existant en France, le groupe TotalFinaElf a largement été déconsidéré après la catastrophe de l'Erika. Une nouvelle forme d'engagement citoyen ?
N° 58 LUNDI 10 AVRIL 2000
EN 2015, LA FLORIDE EN FRANCE ?PARIS-MATCH, 6 AVRIL 2000Le dossier de l'hebdomadaire consacré aux retraites débute par la confrontation de deux photos éloquentes : celles de Jules Verne, en 1870, et de Christophe Lambert, aujourd'hui, prises toutes les deux à l'âge de 42 ans des personnages. Alors que l'espérance de vie était d'environ 50 ans en 1900, Jules Verne a l'air d'un vieillard, Christophe Lambert d'un éternel jeune homme. L'espérance de vie est actuellement de 73 ans pour les hommes et 82 pour les femmes. Et une année est gagnée tous les quatre ans. A ce rythme, la France devrait rattraper la situation de l'état de Floride aux Etats-Unis, où les personnes âgées représentent 18,5 % de la population, en 2015. Vers 2030, elles formeront 25 à 30 % de la population des pays développés. Pour les plus optimistes, sachez qu'il existe une chance sur deux millions d'atteindre 115 ans. La proportion ne devrait que diminuer avec le temps : la France compte actuellement 9000 centenaires. Quant à la doyenne de l'humanité, elle vient d'être localisée aux Antilles. Elizabeth Pampo Israël serait née le 27 janvier 1875 et aurait 125 ans. Elle a pris sa retraite à 104 ans. Cela préfigure-t-il le prochain âge de départ à la retraite ?
LA NOUVELLE MODE DU TRANSLUCIDELE MONDE, 8 AVRIL 2000En inondant le marché avec l'iMac en août 1998, Apple comptait sur la réussite de son nouveau produit pour relancer la marque. C'est chose faite. Mais elle ne se doutait sans doute pas que son invention serait aussi la source d'une nouvelle mode, celle du translucide. Le jeune designer Douglas Ive, à l'origine des couleurs et des formes rondes du nouvel ordinateur, a gagné son pari. " L'iMac a vraiment marqué un tournant. Quelques mois après sa sortie, on a vu déferler des brosses à dents, des cabas, des aspirateurs, des réfrigérateurs, des portes de placard, des meubles translucides " explique une directrice de communication. Que faut-il comprendre par ce style ? " On sent chez le consommateur un sentiment de trop-plein : trop de produits, trop de bruits, trop de pollution… Le translucide opère précisément comme une sorte de filtre qui, à la fois, tempère les extrêmes et donne un aspect onirique aux choses. " Et attention, le translucide s'oppose au transparent, froid parce qu'il dévoile tout. Comme si nous avions besoin d'un peu de mystère autour de nous…
N° 57 LUNDI 3 AVRIL 2000
LES HEROS DES FRANÇAIS EN L'AN 2000L'HISTOIRE, AVRIL 2000Non, pour une fois il ne sera pas question ici de Bill Gates, de François Pinault ou de Jeff Bezos, trop souvent présentés comme les nouveaux héros modernes. Dans son numéro d'avril, le mensuel L'Histoire s'intéresse aux vrais héros, à ceux qui ont fait l'histoire et que les Français mettent en tête de leurs références. Ce sont les héros qui " ont une double fonction, d'édification et d'identification. Ils sont d'abord des modèles, ceux qui nous inspirent un exemple de vie. Ils sont aussi, et peut-être surtout, ceux à travers le souvenir, voire le culte, desquels le sentiment d'appartenance - national, religieux, social, géographique - s'affirme, se cultive, se reproduit. " En tête, comme dans les enquêtes de 1987 et 1980 : Charles de Gaulle. Il est suivi de Napoléon et de Louis XIV. François Mitterrand arrive juste derrière, avant Charlemagne et Jacques Chirac. Une seconde liste de personnages les classe en fonction de la sympathie qu'ont pour eux les Français. Marie Curie arrive en première position, loin devant Jean Moulin et Jeanne d'Arc. A noter : Philippe Pétain arrive en douzième position de ce classement. L'Histoire a encore posé la question du lieu ou monument qui symbolise le mieux la France. La Tour Eiffel est largement victorieuse, devant l'Arc de Triomphe et Versailles. Du côté de nos voisins européens, les premières places des héros étrangers sont occupées par Léonard de Vinci en Italie, Shakespeare au Royaume-Uni et Konrad Adenauer en Allemagne. A quand un vrai sondage à l'échelle de l'Europe ? Dans tous les cas, le gouffre entre les héros de ces classements et ceux qui sont mis en avant par les médias aujourd'hui est gigantesque. Ces derniers sont glorifiés pour le seul critère de leur réussite financière. Quel modèle !
L'INDE MECONNUELE FIGARO MAGAZINE, 1er AVRIL 2000En France, l'Inde reste souvent un pays dont on ne connaît que des clichés. Celui des maharajas et des vaches sacrées, ou celui des castes et de la misère. Ils sont loin des réalités d'un pays-continent en pleine mutation. Grand comme six fois la France, il compte un milliard d'habitants, soit plus que toute l'Afrique. Un habitant de la planète sur six est indien. L'Inde est le second pays islamique du monde avec 120 millions de musulmans. Si le pays offre des destinations de rêve, il étale de l'autre côté une misère à grande échelle. Le système des castes, bien qu'atténué, existe toujours. Mais développement économique aidant , une société de classe se superpose. Quelques données de base suffisent à témoigner de l'ampleur de la transformation en cours. Le pays est le second exportateur de logiciels au monde, pour une valeur de 50 milliards de dollars en 1999. La gestion de certaines des plus grandes banques et compagnies aériennes mondiales est traitée par des sociétés informatiques de la région de Madras. L'Inde est le premier producteur de longs métrages du monde, ainsi que de thé et de beurre. Il est le second producteur de riz, de sucre, de lait, de coton entre autres. Grâce au développement de la médecine et de l'hygiène, l'espérance de vie est passé de 19 ans en 1911 à 62 ans en 1995. Plus que jamais dans les années qui viennent, il faudra compter avec la plus grande démocratie du monde. Dans quinze jours, le président de la république fédérale sera en visite en France.
N° 56 LUNDI 27 MARS 2000
24 HEURES DANS LA VIE D'UN PRISONNIERTELERAMA, 22 MARS 2000Le récent livre-témoignage du médecin-chef de la prison de la Santé a mis en lumière les réalités de la vie carcérale en France aujourd'hui. Dans ce contexte, Télérama s'intéresse cette semaine aux prisonniers mineurs, à travers un très long reportage passionnant, histoire d'alimenter le débat. Chacun pourra se faire sa propre opinion. En 1998, les prisons françaises comptaient 4038 détenus âgés entre 13 et 17 ans. Les concernant, trois grands types de débats sont ouverts : " l'efficacité de l'incarcération ; les dangers de la banalisation de la prison sur des ados qui n'ont comme repères que ceux de leur cité et de leur bande ; la mise en place de solutions alternatives à la prison pour ces délinquants devant lesquels la société semble désarmée. " L'enquête a été menée à la prison de Bois-d'Arcy, où sont enfermés 39 mineurs. Encadrés de surveillants et d'éducateurs, ils essaient de réapprendre les règles de base de la vie en société comme se lever le matin, faire un effort, accepter des contraintes. Le réveil intervient à 7 h 00. Les douches sont ouvertes à 7 h 30 pendant quinze minutes, trois fois par semaine de manière non obligatoire. La promenade est fixée à 9 h 00 et à 10 h00 le début des activités : certains jouent à la PlayStation pendant que d'autres vont au cours de français. A midi, les barquettes individuelles des repas sont souvent jetées par les fenêtres. Les jeunes leur préfèrent des pâtes et encore des pâtes. Le parloir est accessible trois fois par semaine pendant une demi-heure à 14 h 30. A partir de 17 h 30, chaque détenu est de retour dans sa cellule de 9 m² et doit trouver une occupation. A la bibliothèque, les livres les plus empruntés sont les " Boule et Bill " et le Coran. L'extinction des feux est fixée à minuit. Sur l'efficacité de cette incarcération, les spécialistes semblent sceptiques. Comme ce maître de conférence à l'Ecole nationale de la magistrature qui a ces mots : " Pour le jeune qui veut se construire une carrière de dealer ou de racketteur, la prison est identitairement très intéressante. " De quoi réfléchir.
N° 54 LUNDI 13 MARS 2000
" LA LOI QUI PREDIT LES CRISES ECONOMIQUES "EUREKA, MARS 2000Avec l'arrivée du printemps, le mensuel scientifique Eureka change de formule. Il se veut " un magazine de débat, de participation citoyenne aux questions et aux découvertes scientifiques. " Au sommaire de ce numéro, entre autres, la sécurité alimentaire et l'histoire de la découverte de l'ADN. Mais c'est un article d'une seule page qui retient cependant le plus l'attention ce mois. Il présente les résultats des travaux de trois scientifiques, un astrophysicien, un paléontologue et un économiste, qui proposent une loi mathématique permettant de prévoir les dates des grandes crises économiques. Les schémas qui accompagnent l'article sont frappants. " Depuis le néolithique, les phases de crise et de prospérité alternent et sont de plus en plus courtes. Cette accélération converge vers la fin du XXIème siècle, époque où une " supercrise ", commencée plus tôt, se terminera. " Selon les chercheurs, il s'agit de celle qui a commencé dans les années 90. Elle devrait s'achever vers 2080 et ne sera pas forcément douloureuse en raison de l'alternance rapide de bonnes et de mauvaises phases. Cette analyse permettra peut-être de prendre du recul par rapport à certains discours alarmistes ambiants évoquant les surchauffes des bourses. En effet, les deux premiers chocs sérieux de ce siècle devraient intervenir entre 2015 et 2020, puis entre 2030 et 2035, selon la loi. Vous êtes sceptique ? Pourtant, " la loi parvient, de façon statistiquement significative, à décrire la suite des 17 dates des grandes crises qui ont secoué l'histoire depuis le néolithique… " Pour en savoir plus, l'équipe de chercheurs publie ces jours-ci " Les arbres de l'évolution - Univers, vie, sociétés ", chez Hachette Littératures.
AMOUR OU DETACHEMENT : QUE CHOISISSEZ-VOUS ?PSYCHOLOGIES, MARS 2000Le succès grandissant du mensuel Psychologies se confirme mois après mois. A sa source, il y a bien sûr la forte personnalité de son directeur, Jean-Louis Servan-Schreiber, le fondateur du groupe L'Expansion. Pour nous aider à " mieux vivre sa vie ", le magazine scrute les tendances et les comportements qui transforment notre quotidien. Chaque mois, dans un édito, JLSS attire notre attention sur l'une de ces évolutions. Son point de vue du mois de mars ne peut que retenir l'attention… Extrait : " Voués à naviguer entre ces deux écueils - se faire manger ou se retrouver seul -, nous sentons bien que nous avons à apprendre, beaucoup, avec modestie, car personne n'est sûr d'y parvenir. Oh, pendant une semaine ou une année, c'est sans problème, mais tout le temps… ça paraît presque himalayen. Entre l'amour romantique, trop irréaliste, et le détachement parfait, trop austère, nous sommes en train d'inventer notre propre cheminement, quelquefois à la dure, mais souvent avec des découvertes gratifiantes sur notre capacité à nous adapter. Si nous n'y parvenons pas du premier coup, accordons-nous un peu d'indulgence. Nous sommes vraiment les premières générations à explorer cette alternative pleine de promesses. " Qu'en pensez-vous ? Ce qui est certain est que les choses ont déjà changé : la première petite annonce du mois, dans les dernières pages du magazine, était éloquente dans ce sens : " JF, 30 ans, très belle et très intelligente, désire un enfant et cherche son père, sans obligation de vie commune. Ecrire au journal… "
N° 53 LUNDI 6 MARS 2000
L'INEGALITE STUPEFIANTE DES FRANÇAIS DEVANT LA MORTLE MONDE, 3 MARS 2000" L'atlas de la santé en France ", qui vient d'être publié, met en évidence des écarts de taux de mortalité de 1 à 15 selon les cantons français. C'est la première en fois en France que nous disposons, à l'initiative des pouvoirs publics, d'une enquête de ce type. Elle a été menée par des géographes, statisticiens et scientifiques. En détail, elle montre une surmortalité dans un " chapeau " qui va de l'ouest au nord-est, en passant par le nord, ainsi que dans une diagonale qui descend jusqu'au Cantal, appelée la " diagonale du vide " en raison de son dépeuplement. La traduction selon l'espérance de vie est claire : l'espérance de vie des régions à sous-mortalité est de 78,5 ans pour les hommes et 85,3 ans pour les femmes, contre respectivement 68,4 et 78,4 ans dans les autres. La surmortalité constatée s'explique par des facteurs liés aux habitudes de vie, comme la consommation d'alcool, la conduite dangereuse, le tabagisme et l'alimentation, mais aussi, plus récemment, par les comportements sexuels. L'alcoolisme, à lui seul, est la cause de 35.000 décès en France chaque année. L'ouest de la France est particulièrement touché, alors que le midi l'est très peu. Dans le nord et l'est s'ajoute le tabagisme. Quant aux conduites à risques, les morts violentes représentent 38.00 décès chaque année. Le décompte est certes sombre, mais il illustre la réalité de notre vie quotidienne : 2.300 suicides, 11.000 chutes accidentelles, 9.500 tués sur la route, 2000 décès par faute médicale, 600 homicides. " J'ai été stupéfait par les inégalités d'espérance de vie entre les régions ", explique Gérard Salem, géographe de la santé et coordonateur de l'étude. Toutes les disparités spatiales n'ont pas encore pu être expliquées ajoute-t-il, mais l'étude permet sans attendre de se poser les bonnes questions pour améliorer la " démocratie sanitaire ", c'est-à-dire le même système d'accès aux soins pour tous.
MOSCOU-PEKIN PAR LE TRANSSIBERIENDIMANCHE OUEST-FRANCE, 27 FEVRIER 2000Relier Moscou à Pékin en Transsibérien, un périple de 7.860 kilomètres en passant par la Sibérie, Oulan Bator et la Mongolie : un projet de voyage inaccessible ? Pas forcément selon Dimanche Ouest-France, puisque 180 Français du grand ouest l'ont réalisé en 1999. Alors si vous êtes en train d'imaginer ce que vous ferez de vos vacances 2000, il n'est pas trop tard… Un peu d'histoire d'abord. La première traverse a été posée en 1891, mais ce n'est qu'à la fin de 1904 que le premier train arrive à Vladivostok, sur la côte Pacifique. Le projet a en partie été financé par les regrettés emprunts russes et a coûté la vie à de nombreux ouvriers. Le contournement du lac Baïkal aurait été particulièrement difficile. Cette ligne est toujours une voie de communication essentielle vers la Sibérie et ses richesses minières, un territoire grand comme vingt-cinq fois la France. D'ailleurs à chacun des 70 arrêts en gare du train, un vrai petit commerce s'organise entre voyageurs et locaux, où tout peut s'échanger. Faire le voyage aujourd'hui suppose de rejoindre la gare Iaroslav à Moscou, d'où partent tous les Transsibériens. Et le voyage commence sur les quais, avec les Tatars, Mongols et autres Chinois qui attendent le départ. Il dure au total sept jours et sept nuits. Bien que la motrice développe 6000 chevaux, le convoie ne progresse qu'à l'allure de 60 kilomètres à l'heure. Les paysages les plus fous et désertiques sont traversés. A l'approche de Pékin, du côté de Badaling, le train longe même la Grande muraille sur plusieurs dizaines de kilomètres. Ne sentez-vous pas déjà l'odeur du thé chaud, disponible à toute heure au samovar de votre wagon ? On peut rêver !
PRENEZ VOTRE TEMPS : RALENTISSEZ !DON QUICHOTTE, MARS 2000Le dossier à la une du numéro deux du mensuel Don Quichotte est clair : " Ralentissez vite : solutions pour un avenir plus lent ". " La lutte des temps a remplacé la lutte des classes et la vitesse est son nouveau champ de bataille " explique Alexis Mital dans son article de présentation. Un des risques majeurs dans cette course contre le temps est de sombrer dans " l'amnésie technologique ". A force d'enchaîner les nouveaux standards technologiques depuis quelques années, il existe un réel risque de perte d'un certain nombre d'informations numérisées. Dans quinze ans par exemple, comment ferons-nous pour relire des enregistrements réalisés sous des versions logicielles ou des formats de supports qui n'existeront plus ? Faudra-t-il conserver un modèle de chaque matériel ? Pour l'instant, rien n'est organisé pour assurer un archivage sécurisé. La situation est d'autant plus préoccupante que l'on réalise maintenant que le cédérom a une durée de vie comprise entre 5 et 15 ans seulement ! Aux Etats-Unis, certains songent déjà à conserver une trace gravée mécaniquement sur des disques de nickel de leurs principales archives… Pour trouver d'autres exemples de la dictature du temps, chacun pourra observer autour de lui ce qu'exprime cette caissière : " Le temps est un enfer. Il n'est plus régulé en fonction de l'humain. " Alors pour finir, le magazine propose quelques exemples à suivre pour " un avenir plus lent ". En Chine, saviez-vous que la Constitution de 1949 prévoit un droit à la sieste pour tous les travailleurs ? Il en va de même au Pérou, où les fonctionnaires font la sieste chaque après-midi pendant " la pause légale ". Les habitants de ces pays font peut-être sourire mais ils semblent être dans le vrai. La chronobiologie, qui étudie les temps internes du corps, ne cesse de se développer en Europe et montre " l'incapacité du corps à s'adapter aux exigences modernes de rapidité. " Le développement de la sieste figure parmi ses préconisations. En Allemagne une association se bat depuis 1991 pour ralentir le temps. Sa devise ironique : " Vivez plus vite, ça se terminera plus tôt. " Il en existe d'autres en Amérique du Sud, aux Etats-Unis… Moins sérieusement, le magazine propose encore d'inventer le Mac'assoulet, de faire passer la semaine à 10 jours et d'inscrire le 13ème mois dans le calendrier !
L'EAU : UN TRESOR A PRESERVERL'EAU LE MAGAZINE, NUMERO 1, MARS 2000Trois données de base pour commencer : la vie est née dans l'eau, l'eau représente entre 60 et 70 % de la masse d'un adulte, l'eau recouvre les deux tiers de la surface de la terre. Inutile d'insister pour expliquer que l'eau est essentielle à la vie. En plein sommet mondial de l'eau à La Haye, un nouveau magazine, dont le numéro un est daté du mois de mars, vient de paraître pour la célébrer : L'eau le magazine. Il sortira au rythme de quatre numéros par an. Assez haut de gamme, il traite de toute l'actualité de l'eau sous les rubriques beauté-forme, santé, environnement et art de vivre. Au sommaire de ce premier numéro, les secrets des eaux minérales et les nombreux critères pour les commenter, le thermalisme en Auvergne, des conseils pour acheter une douche multi-jets, mais aussi un article sur le défi que représente l'eau au XXIème siècle. La croissance démographique conjuguée à l'élévation de la température vont faire de l'eau une ressource rare dans certaines régions du monde. C'est particulièrement le cas au Proche-Orient, où les sources de conflits sont multiples dans ce domaine. Pour revenir à notre quotidien, savez-vous combien vous coûte l'eau dans vos gestes de tous les jours ? 10 centimes pour la cuisine, 18 pour actionner la chasse d'eau, 30 pour la vaisselle à la main, 8 pour la toilette, 1 F pour une douche, 3 F pour un bain.
N° 52 LUNDI 28 FEVRIER 2000
LES ADOLESCENTS AUJOURD'HUIDIMANCHE OUEST-FRANCE, 20 FEVRIER 2000Dimanche Ouest-France, il y a une semaine, a consacré son dossier du cahier " Familles " aux adolescents. Le psychanalyste et psychiatre Jean-Marie Forget rappelle qu'on ne parlait pas d'adolescence avant la Révolution. Le terme, qui définit la période entre la puberté et l'entrée dans la vie active, est récent. Avant, il était plus question de " jeunesse ". Avec le temps, le père a perdu de nombreuses prérogatives sociales vis-à-vis de l'adolescent. Il n'est plus le seul à lui transmettre le savoir : l'école joue un rôle essentiel. Le fils n'apprend plus non plus le métier de son père comme par le passé. L'adolescence correspond encore à l'âge où naît le désir, avec lequel notre société de consommation joue allègrement aujourd'hui. Selon Forget, en raison des " défaillances de l'autorité parentale ", trop d'adolescents ne savent pas que posséder les objets du désir qu'on leur fait miroiter n'est pas l'essentiel. " Chaque satisfaction de leurs désirs est alors une déception. " Par défaillances, il entend à la fois l'absence des parents et " cette mode qui veut que les parents ne s'autorisent plus à donner des références. Ils disent à leur enfant : " Que veux-tu ? Qu'est-ce que tu penses ? " Ils devraient dire : " Moi, ton père ou ta mère, je pense ça. " Les adolescents attendent des adultes qu'ils leur disent qui ils sont, eux les parents, ce qu'ils pensent et même ce qu'ils rêvent pour leur enfant. L'adolescent peut alors dire oui ou non. Dire s'il est pour ou contre ; il se trouve ainsi face à un rempart pour se structurer. " Forget estime que cette période ne passe pas sans conflits parce que des différences irréductibles s'affrontent. Vouloir y échapper est encore pire que de les affronter. " Eluder la différence pour soi-disant éviter les conflits finit par générer la violence. " Chaque adolescent est unique, comme chaque situation familiale qui en découle. Mais toujours, " l'adolescence échappe. Elle ne peut qu'échapper. " Dans le reste du dossier, suivent des conseils pratiques au quotidien, des références de petits livres pour les aider à comprendre la naissance de la sexualité, les grandes tendances de la mode des ados…
COMMENT LES SERIES AMERICAINES NOUS INFLUENCENTMARIANNE, 14 FEVRIER 2000L'image principale que nous montre la plupart des séries américaines est celle du bonheur visible d'un groupe de copains insouciants ou l'entente parfaite de deux partenaires qui travaillent ensemble. Alors, forcément, l'univers dans lequel ils évoluent, les objets qu'ils utilisent, la façon dont ils décorent leurs intérieurs nous influencent inconsciemment. " Leur modèle devient le nôtre. " Tout a commencé avec les premiers chewing-gums distribués par les GI pendant la guerre puis par l'invasion de produits " made in USA " qui faisaient rêver. Aujourd'hui, l'influence passe par le petit écran. Le petit téléphone portable de l'agent Scully dans "X-Files", l'agenda électronique de Fox Mulder, son partenaire, le pop-corn de Seinfeld : voilà autant de produits de consommation courante qui ne l'étaient pas avant que tous ces personnages participent à leur installation dans notre quotidien. James Bond n'hésite même pas à aller plus loin en ventant directement les qualités de ses BMW, de sa carte Visa ou de la vodka Smirnoff. Et bientôt, pour les inconditionnels d'Ally McBeal, il sera même possible d'acheter en ligne le chemisier qu'elle portait dans le dernier épisode, pour " vraiment être dans le coup " ! Enfin, lors de votre dernier passage en hôpital, n'avez-vous comparé aucune situation à une scène vue dans la série " Urgences " ? Qu'on le veuille ou non, ces séries laissent toujours une trace.
N° 51 LUNDI 21 FEVRIER 2000
QUE VEULENT LES HOMMES MAINTENANT ?BIBA, MARS 2000A en croire le dossier du mois à la une de Biba, les hommes du début de l'an 2000 ne vont pas tout à fait bien, et c'est le moins que l'on puisse dire. Que se passe-t-il ? Une sorte d'accumulation de changements de société. L'émancipation des femmes les conduit aujourd'hui à se remettre en cause. Les femmes en avaient assez de la domination masculine, du machisme. Du coup, toutes les valeurs viriles classiques ont été jetées aux oubliettes : le stoïcisme, la loyauté, la prouesse par exemple. Au même moment, après avoir imposé un modèle féminin, la publicité et la mode ont fait émergé un nouveau modèle masculin marqué par " la dictature de la beauté et le culte de la jeunesse ". Les poignées d'amour, la calvitie, les problèmes de peau : c'est totalement ringard. La chirurgie esthétique masculine aux Etats-Unis a dépassé le million d'actes par an ! Mais ce n'est pas tout… Beaucoup d'hommes en ont assez d'être devenus des hommes-Kleenex, ceux qui sont " essorés et jetés ". Les témoignages de Biba sont éloquents, encore inimaginables il y a quelques années, mais c'était alors peut-être le contraire. Désormais les femmes ne se gênent plus pour draguer, prendre et " rendre la liberté ". A 75 % ce sont elles qui demandent le divorce. Le pire est que le tableau n'est pas forcément plus brillant quand les hommes vivent en couple et sont très actifs professionnellement. Ils savent que le chômage n'épargne plus personne et qu'il ne faut pas tout attendre de l'entreprise. Surtout en plein passage aux 35 heures, qui agitent leur réflexion. Alors ils se retrouvent coincés entre leurs ambitions professionnelles et l'épanouissement de leur famille. La volonté de voir grandir ses enfants donne lieu à des emplois du temps sportifs de plus en plus nombreux. Un nouvel équilibre est donc en train de se mettre en place dans lequel les hommes n'ont visiblement pas encore trouvé leurs marques. Aux Etats-Unis, où cette préoccupation est encore plus vive, les livres se multiplient sur le sujet. La presse commence à s'y intéresser chez nous.
LA TENTATION D'ALLER EN BOURSELE MONDE, 15 FEVRIER 2000+ 300 % à Wall Street en 9 ans. + 50 % à la bourse de Paris en 1999. + 263,43 % pour le titre Bouygues depuis le début de l'année. D'un autre côté, les placements traditionnels rapportent bon an mal an entre 2 et 6 % d'intérêts. Comment ne pas être séduit par l'attrait de la bourse ? Peut-être vous posez-vous aussi cette question en ce moment. Et il faut dire que les intermédiaires financiers ne ménagent pas leurs efforts pour attirer les placements. La dernière tendance dans ce sens est la multiplication des services en ligne qui offrent à la fois une information boursière en temps réel et la possibilité de passer ses ordres d'un simple coup de clic de souris à moindre frais. Le grand économiste John Kenneth Galbraith a depuis longtemps appelé cela la " chasse aux richesses sans effort ". Faut-il y croire ? Seule l'histoire peut nous aider à prendre du recul. Il est d'abord vrai et prouvé que, sur une longue période, " les actions constituent le meilleur placement financier ". Mais l'euphorie ambiante ne doit pas faire oublier la cruauté des crashs boursiers qui peuvent tout faire perdre en quelques heures : celui de l'été 29 à Wall Street, d'octobre 87 à Paris. Autre exemple, à ce jour, " le japonais qui a placé ses économies à la bourse de Tokyo fin 89 a perdu la moitié de son argent. " L'indice Nikkei ne refait pas surface. Les plus grands experts sont démunis pour prévoir l'avenir, ne serait-ce qu'à moyen terme. Le pari semble bel et bien personnel. Si vous souhaitez franchir le pas, un dernier conseil : munissez-vous du numéro un du nouveau mensuel Livebourse.com, qui a pour ambition d'informer et de conseiller le petit porteur.
N° 50 LUNDI 14 FEVRIER 2000
CE QUE CACHE NOTRE ALIMENTATIONCAPITAL, M6, 6 FEVRIER 2000De la passionnante émission Capital consacrée à " Bien manger, à quel prix ? ", le téléspectateur pouvait tirer quatre leçons :Bon appétit !
- Les labels apposés sur les produits - comme " Elu produit de l'année " - ne sont pas tous gages de qualité. La sélection de ces produits est en effet parfois réalisée avec beaucoup de légèreté. Dans ce cas, le label devient un pur outil de marketing.
- L'utilisation croissante des OGM, les organismes génétiquement modifiés par les scientifiques, dans notre alimentation semble inéluctable, bien que personne n'en connaisse les risques à long terme. Le député présent sur le plateau a eu raison de rappeler que la nature n'a jamais cessé les transformations des organismes vivants. Elles ont permis l'évolution des espèces. Si aujourd'hui l'action de l'homme, avec les OGM, peut permettre de résoudre des problèmes de culture dans certains pays, ou peut permettre des progrès pour la santé, elle va dans le bon sens. Si les OGM devaient être le nouveau jouet incontrôlé de puissances financières colossales, ce sera la catastrophe. Et c'est précisément ce qui semble se produire aux Etats-Unis d'après le reportage présenté.
- Les " alicaments ", ces nouveaux produits qui envahissent les linéaires avec des promesses éclatantes pour la santé ne semblent avoir aucun intérêt. Une alimentation normale et équilibrée couvre largement les besoins en vitamines. Et, au contraire, l'abus de certains alicaments pourrait même s'avérer dangereux dans des cas précis. Bref, la nouvelle invention du marketing va-t-elle tourner court ? Pas sûr quand on observe, par exemple, le succès spectaculaire d'Actimel de Danone, le petit yoghourt à boire.
- L'émission a encore pris l'exemple du marché des jus d'orange, à la complexité évidente. Il existe trois types de produits, qui se distinguent selon le niveau de dilution du jus d'orange avec de l'eau : le nectar est le produit le plus dilué et le moins cher, le jus à base de concentré est le milieu de gamme, le pur jus est le haut de gamme et n'est pas dilué. Les jus d'orange frais n'apportent rien à la quantité de vitamines C absorbée. Ils ont simplement un meilleur goût. C'est le jus d'orange pressé frais qui restera toujours le meilleur à condition de le boire dans l'instant.
N° 49 LUNDI 7 FEVRIER 2000
DAVOS : L'ANGOISSE DE LA MONDIALISATIONwww.lexpansion.comChaque année, le forum économique mondial de Davos réunit dirigeants de la planète et sommités du monde économique pour réfléchir aux tendances économiques essentielles. Bien des idées-clés y ont émergé. Cette année, le ton de cette trentième manifestation a surpris. " Depuis la crise asiatique et l'échec de l'OMC à Seattle, la mondialisation est contestée parce que ses bénéfices semblent avares et mal distribués. " Pour la première fois, les 2000 personnalités présentes en sont donc venues à se poser cette question jusque là étouffée : " et si la mondialisation n'était pas aussi irréversible ? " Et si les citoyens venaient à la rejeter dans les mois et années qui viennent ? Et si la poignée de gens qui la montre du doigt aujourd'hui devenait la majorité demain ? Aux Etats-Unis, l'expression " political backclash " traduit l'hypothèse. L'économiste américain Paul Krugman y voit en tout cas l'un des deux grands dangers des dix années qui viennent, avec l'instabilité financière. Bref, l'idée décoiffe, car une question s'impose aussitôt : que voudront les citoyens à la place ? Du point de vue des coulisses à Davos cette année, les PDG des entreprises traditionnelles, âgés entre 50 et 60 ans, n'ont pas pu résister aux jeunes dirigeants pimpants des entreprises de la nouvelle économie. Tony Blair a même pris des notes à la conférence de Michael Dell, le patron du constructeur informatique du même nom…
N° 48 LUNDI 31 JANVIER 2000
LE NOUVEAU " NOUVEL ECONOMISTE "LE NOUVEL ECONOMISTE, 28 JANVIER 2000Comme le précise dans l'édito Jean-Michel Quatrepoint, son directeur de la rédaction, Le Nouvel Economiste est né il y a vingt-cinq ans. C'était l'époque de la sortie difficile du choc pétrolier. L'inflation était forte, le chômage explosait, l'Amérique peinait, le Japon servait de modèle. En France, la lutte des classes battait son plein. Une nouvelle économie était en train de naître. Alors qu'elle devient actuellement le modèle dominant, Le Nouvel Economiste adapte sa formule pour mieux la suivre et pour le plus grand plaisir de ses lecteurs. En effet, la sobriété et l'extrême clarté de la nouvelle mise en page frappent dès les premiers articles. Elles rendent la lecture particulièrement agréable et sereine. Un article d'actualité fait le point sur l'épargne salariale, que Lionel Jospin veut renforcer. Une brève établit le top 20 des économistes en fonction de leur production écrite : le premier français est second ! Une enquête nous conduit au cœur du duel entre Airbus et Boeing. L'ouverture de la route des Indes par un marin grec, en 116 avant Jésus-Christ, est le thème du rappel historique. Quant au dossier, il est consacré aux " 50 surdoués qui secouent les entreprises ". Il ne se concentre pas seulement sur les entreprises de la nouvelle économie mais présente le directeur financier de telle entreprise industrielle, le directeur général de telle autre. Constante : ils ont presque tous entre trente et quarante ans. Et vous ?
LE MARIAGE REVIENDRAIT-IL EN FORCE ?DIMANCHE OUEST-FRANCE, 23 JANVIER 2000Jusqu'en 1996, le mariage était en perte de vitesse. Depuis, le nombre est en augmentation régulière et l'an 2000 pourrait bien voir battre un record : 400.000 couples devraient se dire " oui " cette année, contre 280.000 en 1999. Dans la plupart des cas, le mariage consacre la transformation d'un couple bien établi, dont les deux partenaires ont appris à se connaître en vivant ensemble. Les mariages sans cohabitation préalable sont minoritaires. En 1977, 70 % des mariages se faisaient aussi à l'église, contre 50 % actuellement. La fête du mariage donne lieu à une véritable industrie dont le chiffre d'affaires annuel ne serait pas inférieur à 12 milliards de francs. En moyenne, chaque couple invite entre 60 et 70 convives et dépense 80.000 F ! La robe de mariée à elle seule représente environ 5000 F. Après ces données, le journal présente un compte à rebours de l'événement. C'est à J-2 mois qu'il faut passer la visite médicale prénuptiale, pour voir la compatibilité des rhésus… Et saviez-vous que le voile de la mariée, découpé en morceaux et distribué aux invités, porte bonheur ?
N° 47 LUNDI 24 JANVIER 2000
COMPRENDRE QUELQUE CHOSE A LA PSY" LA PSY DANS TOUS SES ETATS, OU LE POUVOIR DES MOTS ", FRANCE 3, 18 JANVIER 2000Nous aider à comprendre quelque chose à la psy : le pari était ambitieux. Il a en partie été gagné par Serge Moati dans son récent documentaire sur France 3. Parfois un peu brouillon dans l'enchaînement, il a permis au spectateur, à travers quelques précieux témoignages, de mieux appréhender la psychanalyse, la psychanalyse bébé ou encore la psychogénéalogie… Le point commun entre toutes ces spécialités est sans conteste l'extrême humilité et la formidable capacité d'écoute dont doit faire preuve le spécialiste, qu'il soit psychanalyste, pédopsychiatre ou psychothérapeute, face au malade. Une psychanalyse, tout d'abord, peut durer de 3-4 ans à 10-12 ans, à raison de trois séances à heure fixe par semaine. Chacune d'elle dure 45 minutes environ et coûte 300 F. Le psychanalyste écoute en quelque sorte la rêverie éveillée de son patient de manière très attentive, mais tout en étant capable de prendre le recul nécessaire pour comprendre ce qui se cache derrière les mots. L'analyse est un travail de mémoire dont l'ambition est de tisser des liens entre des souvenirs parfois insignifiants qui remontent de l'oubli. L'objectif ultime est d'aboutir à une réconciliation avec soi-même ou au moins une meilleure connaissance de soi. La psychanalyse n'est pas un luxe social, elle est pratiquée dans toutes les couches de la société. A ceux qui pensent que son coût est élevé, une analysée n'a pas hésité à répondre : " Ca coûte cher, mais qu'est-ce que je me suis enrichi ! " A partir de la psychanalyse classique sont nées de nouvelles spécialités, comme la psychanalyse bébé avec Françoise Dolto, puisque " tout se joue dans la petite enfance ", ou la Gestalt aux Etats-Unis. Dans cette dernière thérapie, le psychothérapeute intervient directement auprès du patient, qui joue ses conflits. Elle met plus l'accent sur la situation présente de la personne. Plus récente et plus surprenante, il existe aussi la psychogénéalogie. Il s'agit de découvrir les traumatismes des ancêtres qui pourraient expliquer les troubles actuels. Pourquoi certaines situations se répètent-elles dans certaines familles de génération en génération ? Selon ses partisans, il y aurait transmission inconsciente d'images entre parents, notamment quand il existe un secret de famille. L'enjeu est alors d'identifier les situations pour les éliminer. Curieusement, les analysés se mettent alors souvent à dire des choses " qu'ils ne savaient pas qu'ils savaient… " Un mystère se cache donc bien derrière toutes ces disciplines : celui de notre inconscient, " un autre en nous qui parle et qui peut surprendre ". Alors sommes-nous vraiment libres ?
N° 45 LUNDI 10 JANVIER 2000
L'AVENIR SELON PETER DRUCKERLE MONDE, 8 JANVIER 1999En publiant en 1945 " Concept of the Corporation ", une analyse de l'organisation de General Motors, Peter Drucker inventait le nouveau métier de conseiller en management. Depuis, ceux que l'on appelle parfois les " gourous " se sont multipliés et leurs théories de management avec. Drucker reste toutefois le plus emblématique d'entre eux. Aujourd'hui âgé de 90 ans, il conserve une vitalité et une clairvoyance rafraîchissantes, fidèle à sa maxime favorite, " On n'a servi à rien tant qu'on n'a pas apporté quelque chose dans la vie des gens ", qu'il doit à un de ses amis, l'économiste Joseph Schumpeter. Son secret ? Une fascinante " capacité à mêler considérations historiques, philosophiques, politiques, scientifiques, littéraires… " Pour bientôt, il pense " sincèrement que nous allons connaître une énorme gueule de bois. " A ses yeux, l'euphorie boursière n'est pas durable, le passé l'a trop montré. Dans l'entreprise, il met en avant le " défi de faire partager les valeurs et les intérêts de l'entreprise à des salariés qui sont désormais beaucoup plus centrés sur eux-mêmes. " En France, cela devient une évidence en pleine transition vers les 35 heures de travail hebdomadaire. " On ne peut plus diriger des gens, on doit gérer des individualités. " Le management sera " responsable des hommes qui produisent de la valeur ". Et ce d'autant plus qu'ils deviennent une ressource rare alors que la population vieillit rapidement. Il voit dans ce phénomène démographique " la plus grande évolution à venir ". " Il y aura moins de jeunes pour soutenir de plus en plus de personnes âgées. " Il est encore très sceptique quant à l'existence des grandes multinationales dans vingt ans, qui se retrouvent aux antipodes du e-commercre en développement. Et dans le contexte à venir, " l'Etat n'est plus qu'un centre de coûts, un simple obstacle. " Vous l'aurez compris, c'est un jeune homme visionnaire qui parle. Son dernier livre, " L'avenir du management ", est paru en 1999 aux éditions Village Mondial.
NOUS AVONS PERDU PLEIN D'AMIS...TELERAMA, 5 JANVIER 1999Après la tempête, Jacques Lacarrière, écrivain et grand marcheur, nous fait comprendre avec ses mots emplis de poésie l'ampleur du désastre. Il pense que les arbres sont "davantage l'œuvre des hommes que celle de la nature. Ce sont nos enfants de verdure. (...) C'est un beau symbole, l'arbre. Il puise dans la terre par ses racines, étend ses branches vers le ciel. Il représente à lui seul l'unité énergétique du monde. Il tire ses forces de la nuit, s'élève vers la lumière, vit de l'eau et du soleil. C'est un exemple de sublimation réussie." Cette catastrophe naturelle nous aura cruellement remis face à notre fragilité. "A force de vivre devant la télévision, fixés devant les ordinateurs, cramponnés à nos portables, nous finissons par croire que nous pourrons échapper au monde. Mais ces inventions et ces gadgets nous masquent le monde, l'effacent." Le vicomte de La Panouse, le créateur du parc animalier de Thoiry dans les Yvelines, est tout aussi bouleversé. Télérama l'a également rencontré dans le cadre de son enquête d'après-tempête. "Les arbres sont des êtres vivants, bien plus proches de l'homme que l'on ne croit. Entre la formule chimique de la sève et celle du sang, il n'y a que quelques molécules de différence, assure Paul de La Panouse en s'excusant de se laisser emporter par son émotion... Chaque arbre raconte son histoire et suggère au promeneur d'apprendre à lever la tête, de ne plus marcher tête basse, le regard dans les chaussures, mais la tête haute, de contempler les cimes. Juste pour cela, jusque parce qu'un arbre peut apprendre à marcher tête haute, chacun d'eux, selon le vicomte, est irremplaçable. "J'ai perdu plein d'amis", dit-il." Nous aussi du coup.
N° 44 LUNDI 3 JANVIER 2000
" A QUOI PENSEZ-VOUS ? "LIBERATION, SUPPLEMENT DU 31 DECEMBRE 1999Le supplément du dernier jour de 1999 de Libération est un pur cahier de plaisir. Plus de deux cents écrivains, intellectuels, chercheurs et artistes du monde entier répondent à cette simple question : " à quoi pensez-vous ? " Curieuse et indiscrète, l'interrogation suscite des réponses réjouissantes.Il y en a ainsi 111 pages formidables. Alors vous savez ce qu'il vous reste à faire. Option 1 : trouver un heureux marchand de journaux qui aura conservé quelques exemplaires de ce numéro du 31 décembre. Option 2 : écrire à Libération, 11 rue Béranger, 75154 Paris Cedex 03.
- Marc Augé, anthropologue : " Je pense à la nécessité des œuvres, et notamment des œuvres de l'art, qui se construisent contre l'évidence, et aspirent à la réapparition des auteurs, dans tous les domaines de la pensée, pour que ne s'efface pas de notre horizon intellectuel l'idée, non évidente, d'une nécessaire mais difficile et conflictuelle solidarité entre les individus et la société, entre les hommes et les œuvres, entre les sujets et l'histoire dont ils sont l'objet. "
- Etienne-Emile Baulieu, biologiste : " Les principales conséquences de l'évolution scientifique et technique contemporaines sont la révolution de la communication et celle, moins reconnue, de la longévité : c'est à cette dernière que je pense le plus actuellement. "
- Edward Bond, dramaturge anglais : " La conscience de soi propre aux humains n'est pas un but de l'évolution, quelque chose qui ne peut que croître jusqu'à ce que nous fassions tous partie d'un Esprit universel imbu de Sagesse. C'est là une idée du XIXème siècle. La conscience de soi propre aux humains est une impasse. Elle est incapable d'évoluer davantage. Tout ce que nous sommes capables de faire est de parvenir à plus de connaissance. Mais le marché s'oppose à la connaissance et fait que la technologie enseigne l'ignorance. "
- François Cheng, écrivain :
" L'infini n'est autre
Que le va-et-vient
Entre ce qui s'offre
Et ce qui se cherche
Va-et-vient sans fin
Entre arbre et oiseau
Entre source et nuage. "- Alain Corbin, historien : " Le rôle de l'historien n'est pas de prévoir l'avenir mais de rétablir la lucidité à l'égard des processus en cours, grâce à sa pratique de la distance temporelle. "
- Frédéric Dard, écrivain : " J'aime profondément qui j'aime sans détester pour autant qui je n'aime pas. Ma machine à écrire est une planète. "
- Marie Darrieussecq, écrivain : " Je pense aux livres et à l'amour. "
- Jia Pingwa, écrivain chinois : " Du développement et de la stabilité de la Chine, dont bénéficiera en premier le peuple chinois, dépendra le maintien de la paix et de la sécurité de l'humanité entière. "
- Trinh Xuan Thuan, astrophysicien : " Comment mettre en place des mécanismes de transfert de connaissances et de technologies des pays riches vers les pays pauvres ? "
- Paul Virilio, sociologue : " Ceci remplacera cela (Hugo). Tout est donc prêt à l'aube de ce troisième millénaire pour que nous parvenions à la solution finale, ou plutôt fatale, du progrès. "
- Linda Lê, écrivain : " A écrire pour survivre. "
- George Steiner, écrivain : " Dans le budget de la sensibilité, dans la fiscalité mentale, rien n'est devenu plus coûteux que le silence. Notre damnation est celle du bruit constant, public, médiatique, mais aussi dans les recoins de nos demeures. "
- Leslie Kaplan, écrivain : " Et je pense à un livre qui ferait tenir ensemble toutes ces pensées, et d'autres, qui mettrait en rapport des choses apparemment sans rapport, qui serait un moment suspendu dans le temps, un objet fini et infini, et qui, comme c'est le propre des livres, pourrait donner, ouvrir, créer le temps de sentir, d'éprouver, de penser. "
" AIMER, C'EST CONNAÎTRE VRAIMENT "FEMINA HEBDO, 30 DECEMBRE 1999Un seul regard vous suffit pour savoir ce que pense votre conjoint. Vous sentez quand il ou elle va appeler. Pas besoin de mots, c'est comme s'il existait d'indéfinissables transmissions de pensées. Etes-vous dans cette situation ? Ou l'avez-vous déjà été ? Ce n'est pas étonnant. " Une mère devine les besoins de son bébé, les anticipe, comprend ses pleurs, ses gestes, ses mimiques de l'intérieur. Quand on est amoureux, c'est la même chose. L'autre est l'unique objet de nos préoccupations. On focalise sur lui un intérêt constant et tellement aiguisé qu'on ressent immédiatement le moindre de ses mouvements intérieurs. " Freud expliquait, lui, que " trouver l'objet c'est au fond le retrouver. " L'être aimé ressemblerait fortement à notre premier objet d'amour, le père ou la mère. " C'est parce qu'il reproduit - bien au-delà des mots et sans même en avoir conscience - des gestes et des attitudes que nous avions oubliées, qu'il nous fait craquer et que nous croyons si bien le connaître. " Mais il ne faut pas exagérer, l'amour ne rend pas extralucide. Au fil du temps, quand la passion s'émousse, on devient moins attentif. Parfois, malheureusement, " on finit par vivre à côté de l'autre sans le voir. " Tout aussi dangereux, " on habille l'autre avec ce que l'on apprécie et on se débarrasse de ce qui pourrait causer du souci. On projette. Ce n'est pas l'autre qu'on aime, mais l'image qu'on s'en fait, et on est prêt à tout pour conserver cette image idéale. " Au fond, " aimer, c'est connaître vraiment. " Ne pas se contenter seulement d'intuitions. Faire vivre au jour le jour le seul contrat qui nous unit à quelqu'un pour la vie.
N° 43 LUNDI 27 DECEMBRE 1999
VOUS, MAINTENANT" MOI, MAINTENANT ", LES INROCKUPTIBLES HORS SERIE, 45 FFidèle à son ton différent, l'hebdomadaire Les Inrockuptibles ne pouvait pas fêter ce 31 décembre 1999 comme ses confrères, à coup d'énième rétrospective ou de hasardeuse anticipation. Il nous offre un hors-série inattendu et réjouissant, " Moi, maintenant, à la veille de l'an 2000 ", qui rassemble les réponses de 1000 personnes, connues et inconnues, à cette simple question : " qu'est-ce qui est le plus important, pour vous, en ce moment ? ". La lecture en est surprenante, souvent drôle, parfois touchante. Chaque réponse agite ses propres interrogations. Au hasard :Et finalement, qu'est-ce qui est le plus important, pour vous, en ce moment ? Votre réponse ici :
- David, 25 ans, coursier à vélo, Paris : " Faire ce que l'on veut, c'est une source de bonheur. Je fais ce boulot-là alors que je pourrais être kiné. "
- Marie-Françoise, 50 ans, directrice commerciale, Paris : " Avoir du courage. "
- Ariadni, 7 ans, écolière, Paris : " Grandir. "
- Sophie, 30 ans, mère au foyer, Cabourg : " Faire des châteaux de sable avec mes enfants. "
- Jean-Michel, 42 ans, responsable de secteur à TSF Jazz, Paris : " Rapprocher ma réalité de mes convictions intimes. "
- Marc, 40 ans, journaliste, Montpellier : " Avoir un jardin secret dans lequel emmener qui je veux… et qui resterait secret. "
- Satiye, 19 ans, footballeuse, Berlin : " Rien du tout. Vraiment rien du tout. "
dixit@chez.com
AUTOUR DE 2000LU A GAUCHE A DROITESaviez-vous que…?
- Le Ginkgo Biloba, le noyer du Japon, peut atteindre l'âge de 2000 ans. Tout comme le séquoia géant en Californie.
- L'Indonésie, l'archipel le plus grand du monde, s'étend sur 2000 km de large.
- Les alignements mégalithiques de Carnac, dans le Morbihan, ont été édifiés 2000 ans avant Jésus-Christ.
- En 1996, la somme en dollars de la dette des pays du tiers monde s'élevait à 2000 milliards.
- 2000 km séparent exactement l'Amérique du Nord de la Russie.
- Le chat a été domestiqué en Méditerranée 2000 ans avant Jésus-Christ.
- Il existe 2000 espèces de crabes recensées dans le monde. Il en existe aussi 2000 de crevettes d'eau douce.
- Les profondeurs bathyales sont les profondeurs marines maximums. Elles atteignent 2000 m.
- Du nord au sud du Pérou, les Andes s'étendent sur 2000 km.
- Il existe 2000 variétés de pommiers en France.
- Les strato-cumulus, les nuages bas, se situent à une altitude de 2000 m.
- La tour de Babel fut construite 2000 ans avant Jésus-Christ.
- Le 1er janvier 2000, nous fêterons le centenaire de la naissance de Jacques Prévert et d'Antoine de Saint-Exupéry, le 250ème anniversaire de la mort de Jean-Sébastien Bach…
N° 42 LUNDI 20 DECEMBRE 1999
JUSQU'A LA DERNIERE MINUTE…LE MONDE, 15 DECEMBRE 1999André Fontaine est l'un des anciens directeurs du Monde. Au sein de la rédaction, dont il fait toujours partie, ses analyses internationales font référence. Chaque fin d'année, quand approche l'heure des bilans, il trace en quelques lignes essentielles le portrait de l'année qui vient de s'écouler. De 1999, il pense qu'elle est l'année qui fait que le siècle s'achève dans la violence " jusqu'à sa dernière minute ". Suit l'énumération lancinante des conflits qui ont ébranlé la planète. En quelques mots il résume les situations. Puis vient sa conclusion. " Jamais depuis des siècles, il n'y a eu sur cette terre autant de conflits à la fois. Jamais les outils pour les prévenir ou les arrêter n'ont été aussi peu efficaces. " Depuis la disparition des grands empires, qui contrôlaient souvent brutalement leurs territoires, de nombreux peuples n'ont cessé de s'affronter. Le résultat actuel n'est pas encourageant. " La mondialisation en cours, en affaiblissant les souverainetés étatiques, conduit à une balkanisation généralisée, dont les conséquences peuvent être, sont déjà, en de nombreux endroits, dramatiques. " Il ne distingue que la solution du regroupement des nations " pour faire face aux défis ". Parce que notre Europe a fait ce choix, il reste optimiste.
" LES METAMORPHOSES DE DIEU "PARIS-MATCH, 16 DECEMBRE 1999Le 22 décembre, France 3 diffusera à 20 h 30 une émission d'une heure trente préparée par Christine Ockrent, " les métamorphoses de Dieu ". Autour de cette émission, elle a répondu aux questions de Paris-Match. " Ce qui me frappe, c'est que, partout, les grandes religions organisées faiblissent. L'attente est aujourd'hui une quête. On n'attend plus des ordres d'une institution qui s'interpose entre Dieu et soi, on fait son propre assemblage. On trouve en soi-même ce qui va aider à vivre mieux. Et cette recherche prend toutes les formes… " William Klein, qui sortira le même jour son film " Le Messie " explique, dans la discussion avec Ockrent, que la télévision est une expérience religieuse selon lui. " Aujourd'hui, comme on ne va plus guère à l'église, on allume la télé et on y trouve tout ! " Ockrent met quant à elle en avant Paulo Coelho. " Il parle à tout le monde sans être un gourou. C'est un être instinctif, très ouvert, un peu médium, le contraire d'un intellectuel à la française… " Il sera présent dans l'émission mercredi soir. A voir.
N° 41 LUNDI 13 DECEMBRE 1999
" NOUS VIVONS AU XXIe SIECLE DEPUIS 30 ANS ! "DIMANCHE OUEST-FRANCE, 5 DECEMBRE 1999Jean-Toussaint Desanti est un des grands représentants de la philosophie moderne des mathématiques. Longtemps engagé au Parti communiste, il a rompu tout lien avec le parti en 1960. Il a publié peu d'ouvrages et l'un de ses derniers est " Philosophie : un rêve de flambeur " chez Grasset, dans lequel il s'interroge sur ce qu'est philosopher. A Dimanche Ouest-France, il vient de donner une interview très désabusée. Pour lui, l'idée d'entrer dans un nouveau millénaire ne veut rien dire. Rien ne changera brusquement le 1er janvier 2000. Il préfère s'intéresser aux époques de l'histoire. " Le XXe siècle avait commencé à la fin de la Première guerre mondiale. Il s'est achevé dans les années 70. Nous vivons depuis 30 ans dans le XXIe siècle ! " Selon lui, le XXIe siècle a débuté avec le choc pétrolier en 1974. Jusque là, l'industrie lourde était dominante. Depuis, les moyens de communication, les techniques d'information et les services sont au cœur de l'économie. " Les années 2000 ne seront que le déploiement de cette mutation. " Et il ne voit pas forcément cette mutation avec optimisme. " Si être homme c'est simplement échanger des informations, dominer des objets, accumuler des biens, gérer des profits… eh bien je crains que le plaisir même que l'on a à se dire homme ne se perde. " Il doute aussi que " la moitié de l'humanité qui vit mal, le tiers qui vit au-dessous du seuil de pauvreté et le cinquième qui vit dans la misère la plus absolue se laisseront mourir sans rien tenter. " Sa confiance dans la volonté humaine de vivre l'emporte toujours finalement, mais comme il le dit, " dans les actions humaines, rien n'est prévisible. "
LA NOUVELLE VIE DU CANAL DE PANAMATHALASSA, FRANCE 3, 10 DECEMBRE 1999Le 31 décembre 1999, les Etats-Unis rétrocéderont solennellement le Canal de Panama au Panama. Il en avait été décidé ainsi en 1977, lors de la signature d'un accord par le président Jimmy Carter. A l'époque, le petit pays en avait assez de ne pas pouvoir profiter de la manne économique que représente le Canal. Il faut dire que le droit de passage est fixé à 150.000 F par bateau et qu'il en passe environ 14.000 chaque année. Il y avait effectivement de quoi réfléchir. Le Canal est contrôlé par les américains depuis qu'ils en ont achevé la construction en 1914, succédant aux Français menés par Ferdinand de Lesseps. Ils avaient échoué parce qu'ils n'ont pas pu résister aux terribles conditions naturelles du lieu. Selon les chercheurs aujourd'hui, il y aurait eu 10.000 décès pendant les travaux. Depuis cette époque, la même machinerie reste utilisée pour la traversée. A l'arrivée par l'Atlantique, il faut en effet franchir trois écluses de 300 mètres chacune pour monter de 25 mètres. 270 pilotes sont chargés des passages qui durent deux jours en moyenne. Mais ils permettent de gagner un temps considérable et, surtout, d'éviter le dangereux passage du Cap Horn. Parce qu'il est stratégique, le Canal était protégé jusqu'à ces derniers jours par 27.000 soldats américains. Le Panama s'engage à en prendre la relève.
N° 40 LUNDI 6 DECEMBRE 1999
LA FRANCE NE SAIT PAS FORMER SES JEUNES ENTREPRENEURSL'ENTREPRISE, DECEMBRE 1999Kenneth Morse est à la tête du centre d'entrepreunariat au Massachussetts Institute of Technology, le prestigieux MIT. Il s'agit d'un centre de formation qui alimente bien des start-up qui démarrent actuellement avec des projets innovants. A l'occasion d'une interview avec le mensuel, il a jugé sévèrement la capacité de la France à former de jeunes entrepreneurs. A ses yeux, ne sont pas seulement entrepreneurs les patrons mais aussi les premiers collaborateurs d'une entreprise. Il sourit à l'idée que le terme américain " entrepreneurship " trouve sa source dans un mot français alors que nous avons tant de mal à stimuler la création. Première cause ? Des formalités trop compliquées. Dans la Silicon Valley, il suffit de se présenter à un guichet, de payer 120 F et de remplir un questionnaire de quatre modestes pages. Le tour est joué en 20 minutes ! Il critique également le calendrier fiscal, qui fait que des impôts sont à payer avant les premiers résultats. Il estime encore qu'il n'existe pas de culture conduisant à frapper à la porte d'un capital-risqueur. Les Français préfèrent consulter des banquierss trop prudents. Sur le plan de la formation des entrepreneurs, il insiste sur trois principes essentiels : l'importance de l'esprit d'équipe, l'obligation de savoir vendre ses produits, l'aspect fondamental de la gestion de la trésorerie dans la phase de lancement. Enfin, les grandes écoles doivent absolument " organiser la rencontre entre le marketing et les technologies ". La rupture est trop forte aujourd'hui, puisqu'une grande partie de la recherche est effectuée dans les laboratoires des universités, coupés des écoles. Il y a du pain sur la planche.
N° 39 LUNDI 29 NOVEMBRE 1999
CHANGEZ TOUT !CHANGER TOUT !, N° 1, NOVEMBRE-DECEMBRE 1999L'idée est dans l'air du temps : changer de vie, tout plaquer, laisser tomber du jour au lendemain, repartir à zéro, ailleurs, pour enfin vivre… Avez-vous déjà eu, avez-vous cette envie ? Si tel est le cas, achetez d'urgence le numéro un de Changer tout ! chez votre marchand de journaux, dont le titre résume toute l'ambition. Cette édition débute par le témoignage de Guy Lagorce, écrivain, ancien rédacteur en chef de L'Express. Très pris par la vie parisienne pendant de longues années, son " vacarme, la vulgarité, l'agitation imbécile ", il a subitement décidé de décrocher avec sa femme pour s'installer dans un village du sud-ouest où il se sent enfin heureux. Il a précisément franchi le pas le jour où il a réalisé qu'il ne se demandait plus ce qu'il faisait de sa vie, mais ce que la vie était en train de faire de lui. Plus loin, c'est le sociologue, spécialiste des modes de vie, Gérard Mermet, qui présente sa vision de la nouvelle civilisation dans laquelle nous entrons. " Elle reposera sur trois principes fondamentaux : l'individu primera au détriment du collectif. Le temps libre va prendre une place croissante. Enfin, nous passerons d'une société d'assistanat à une société de responsabilisation. Ce qui n'est pas le moindre des changements . " Pour la revue, une des voies royales du changement passe par " monter sa boîte ". Vous apprendrez qu'il vous en coûtera exactement 68.110 F de frais de création. Suivent ensuite des conseils juridiques, de livres, un guide d'achat… Seul regret à la fin de cette lecture ? Que les auteurs n'aient pas " tout changé " dans la maquette, qui donne une forte impression de déjà vu…
N° 38 LUNDI 22 NOVEMBRE 1999
L'EVENEMENT DU JEUDI N°1L'EVENEMENT DU JEUDI, N°1, 18-24 NOVEMBRE 1999, 20 FUn nouvel hebdomadaire culturel et d'art de vivre : quelle bonne nouvelle ! Télérama a d'énormes qualités, Les Inrockuptibles aussi à leur façon. Mais la naissance d'une troisième voix bien différente dans ce domaine est réjouissante. Il aura fallu six semaines à Jean-François Kahn pour faire renaître L'Evénement du Jeudi sous son titre historique. C'est très peu et, à la vue du résultat, le lecteur sent bien que le projet mûrissait depuis bien plus longtemps. JFK ne le dirige pas, mais sa patte est bien là. Les puristes diront que certains des sujets de ce numéro 1 sont racoleurs - " Les photos inconnues qui ressuscitent Marilyn " ou " Le rival de Mozart était noir " - : ils continueront donc à lire seulement Télérama. Les autres apprécieront une maquette très claire à parcourir : elle laisse place avec sobriété à la couleur. La partie des conseils télé est particulièrement représentative à ce titre. Ailleurs, chaque section débute par un article-reportage suivi de nombreuses brèves consacrées à l'actualité de la semaine. Aucun art classique n'est oublié : le théâtre et les beaux-arts ne sont pas négligés. Un dossier est aussi consacré aux régions. Cette semaine, il présente le match Toulouse-Montpellier - et la seconde ville est bien mieux notée que la première pour son dynamisme culturel et son cadre de vie -. La section " Vivre " termine la semaine. Actualité oblige, elle est consacrée aux vins nouveaux. Pour une première, le résultat n'est donc pas si mal que cela. Un regret toutefois : seulement deux pages accordées au multimédia, rejeté en fin de revue, comme si on n'avait pas su où le caser. L'objectif est de 110.000 exemplaires par semaine. A suivre.
N° 37 LUNDI 15 NOVEMBRE 1999
HISTORIA : " ENTREZ DANS LE VIF DE L'HISTOIRE " MENSUEL, N° 635, NOVEMBRE 1999Quelques mois après avoir été racheté par le groupe Pinault, le magazine Historia présente sa nouvelle formule. Avec un format agrandi pour laisser une bonne place aux illustrations et compléments, la nouvelle maquette dépoussière le genre qui connaît un succès croissant auprès du public. Dans son éditorial, la rédaction explique en effet qu'il existe un véritable " appel de fond " pour " connaître le passé pour mieux comprendre les événements d'aujourd'hui ". Au sommaire de ce numéro, entre autres, un grand dossier sur les grandes manipulations de l'histoire, un article sur Daumier, l'inventeur de la caricature politique au XIXème siècle, et, actualité oblige, des révélations sur " ceux qui ont vraiment tué Jeanne d'Arc " ou encore un rappel sur les mouvements paysans. Historia sait rendre l'histoire vivante en proposant un agenda riche, en faisant le lien entre le passé et les événements " à l'affiche ", en présentant sa sélection de livres. Le mensuel se termine par une rubrique intitulée " les mots de l'Histoire ". D'ailleurs saviez-vous que c'est Hérodote, cinq siècles avant Jésus-Christ, qui a le premier utilisé le terme historia " pour qualifier la relation de ses recherches sur les guerres médiques ". Le sens actuel a finalement été établi au XVIème siècle. Pour en savoir plus avant d'aller en kiosque : www.historia.presse.fr
N° 36 LUNDI 8 NOVEMBRE 1999
" AUX COULEURS DE LA MER "THALASSA, FRANCE 3, 5 NOVEMBRE 1999Une fois de plus, l'équipe de Thalassa a eu une merveilleuse idée : réunir une exposition, au Musée d'Orsay, consacrée à une sélection des plus belles œuvres impressionnistes sur le thème de la mer. Inutile de préciser que la réunion de ces œuvres est une occasion unique de les contempler, du 6 novembre au 16 janvier 2000. Parmi elles, les toiles de Monnet peintes à Belle-Ile en 1886. A l'occasion de cette émission de présentation, l'équipe est revenue sur une question inattendue : mais pourquoi la mer est-elle donc bleue ? La surface de la mer fonctionne comme un miroir, elle est le reflet du ciel. Sa couleur est donc très changeante. Sous la surface, la couleur est bleu-vert parce que seuls les éléments bleu et vert du rayonnement solaire pénètrent dans l'eau. L'eau fait effet de filtre pour ces deux teintes. Si toutes les couleurs de l'arc-en-ciel pouvaient pénétrer dans l'eau, la mer serait transparente jusqu'au fond et extrêmement froide. La nature est bien faite. Il faut encore signaler qu'en cas de présence de plancton, la mer peut encore changer de couleur. La palette est donc riche. Auriez-vous pu répondre à cette question ?
LA CHUTE DU MUR DE BERLIN : 10 ANS APRESwww.courrierint.comDans son bloc-notes du 4 novembre pour Courrier International, Alexandre Adler décrivait trois conséquences profondes de la chute du mur de Berlin d'un point de vue géopolitique. La première est la dissolution de l'Union Soviétique. Depuis, ce qu'il appelle le " centre de gravité " de la Russie se situe au sud et à l'est. Dans cette région du monde, l'actualité est effectivement bouillante en Asie centrale. En second lieu, la chute du mur a attiré l'Europe centrale et orientale vers l'ouest, alors que les mouvements étaient lents voire inexistants auparavant. La troisième conséquence vue par l'éditorialiste se mesure et se mesurera à plus longue échéance. Selon lui, un axe privilégié entre Washington et Berlin a vu le jour, alors que le lien entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne a été remis en cause. La France, elle, est isolée. " La chute du mur de Berlin a en réalité mis fin au rêve d'un super-Etat européen, lequel laisse peu à peu la place à une vaste association d'intérêts économico-corporatifs où le pragmatisme empirique anglais s'unit pour l'heure à la flexibilité antiétatiste de l'Italie . " Une vision détonnante.
N° 35 LUNDI 1er NOVEMBRE 1999
DERRIERE LA MYTHOLOGIE DU BIO" ENQUETE DANS VOS ASSIETTES ", E=M6 SPECIAL, M6, 26 OCTOBRE 1999Les produits bio ont plus que jamais la cote, il s'en vend de plus en plus. Les consommateurs sont sensibles à leur culture sans produit chimique et à leur forte image de qualité pour préserver la santé. Mais qu'en est-il exactement ? L'Institut National de la Consommation vient de mener une étude comparative aux résultats éloquents. La comparaison de 20 laitues normales et de 20 autres bio a démontré que de part et d'autre les salades contenaient le même taux de nitrates. La comparaison de deux laits a quant à elle mis en évidence les mêmes traces de dioxine, et celle de céréales les mêmes traces de pesticides. Les produits bio ne présenteraient donc pas de différence essentielle ? En fait, les textes actuels organisant les cultures biologiques ne précisent pas qu'il est interdit de cultiver de manière biologique des terres à côté d'autres qui elles continuent à être traitées normalement. Avec le vent, par le sous-sol, les cultures bio ne sont donc pas à l'abri de tout ce qu'elles cherchent à éviter. La réglementation n'est pas plus rigoureuse car le système actuel encourage facilement la reconversion de certains paysans sur leur ancien lieu de culture, favorisant ainsi l'expansion rapide de la production… En ce qui concerne la valeur nutritionnelle des produits, les analyses montrent encore que les produits bio ne contiennent pas plus de minéraux que les autres. Ils présenteraient pour seule caractéristique distinctive de contenir un peu plus d'eau, ce qui est loin d'être indispensable pour l'équilibre alimentaire. Le reportage a donc fini par conclure que les avantages essentiels du bio résidaient dans la protection de l'environnement liée aux cultures et les qualités gustatives des produits, sensiblement supérieures. Mais nous sommes loin des mérites pour la santé vantés à tout bout de champ.
N° 34 LUNDI 25 OCTOBRE 1999
GAGNEZ VOTRE VISA D'IMMIGRATION AUX ETATS-UNIS !DIMANCHE OUEST-FRANCE, 10 OCTOBRE 1999La carte verte, la fameuse green card, est le visa permanent qui permet de résider et de travailler à vie aux Etats-Unis. Inutile de dire qu'il en fait rêver plus d'un. Pourtant, le rêve n'est pas forcément si inaccessible que cela puisque, chaque année, des milliers de cartes sont tout simplement attribuées par tirage au sort. Ce système existe depuis sept ans, " pour encourager l'immigration provenant de pays sous-représentés aux Etats-Unis ". 50.000 cartes seront données cette année. Pour la France, en 1998, 600 personnes ont eu la chance d'être tirées au sort. Deux conditions sont nécessaires pour s'inscrire au Centre National de Visas de Portsmouth, dans le New Hampshire : être né dans un pays éligible et avoir un niveau d'études secondaires ou deux ans d'expérience professionnelle. Après, c'est un ordinateur qui sélectionne les heureux élus de manière aléatoire. Alors si vous êtes intéressé(e), les inscriptions sont ouvertes jusqu'au 3 novembre…
LE POTENTIEL INEXPLOITE DE LA RUSSIELE MONDE, 20 OCTOBRE 1999Le McKinsey Global Institute vient de publier une étude intitulée " débloquer la croissance économique en Russie ". Comme dans bien des rapports sur ce pays, le constat initial est dramatique. Le PIB brut par habitant a chuté de 40 % depuis 1992. La productivité par habitant s'est effondrée pour ne plus représenter que 15 % de celle des Etats-Unis. Un tiers des ouvriers de l'industrie lourde ne reçoivent plus de salaire. Surtout, l'Etat ne collecte qu'un quart des recettes fiscales théoriques. Toutefois, à la différence d'autres analyses, l'institut conclue la sienne sur une note d'espoir. " Il n'existe pas d'obstacles naturels ni économiques à une croissance forte en Russie et il est nécessaire de réagir… La Russie peut s'appuyer sur une force de travail qualifiée et peu onéreuse, des réserves énergétiques importantes et attrayantes économiquement, mais aussi, ce qui est plus surprenant, sur un large potentiel inexploité d'actifs industriels offrant une productivité latente. " La situation changera-t-elle après le départ d'Eltsine ?
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